La grève d'une semaine reconductible, appelée par les deux syndicats commence aujourd'hui et touchera le primaire, le moyen et le secondaire. Les syndicats ont exprimé leur insatisfaction concernant les dernières augmentations annoncées par le ministère de l'éducation. L'unité des syndicats du secteur de l'éducation nationale s'est fissurée après l'annonce officielle des nouvelles mesures relatives à la valorisation du régime indemnitaire des fonctionnaires de l'éducation. Alors que le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) et le Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) ont décidé de geler leur mouvement de débrayage, l'Union nationale du personnel de l'enseignement et de la formation (Unpef) ainsi que le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) maintiennent la pression. Ces deux principaux syndicats — majoritaires dans le secteur de l'éducation — ont mis à exécution leur menace de revenir à la grève d'une semaine reconductible, à partir d'aujourd'hui, et ce, en dépit de la revalorisation du régime indemnitaire ainsi que la rencontre de conciliation avec la tutelle. Les syndicalistes conditionnent le gel de leur mouvement de protestation par la concrétisation des deux autres revendications, à savoir celle des œuvres sociales ainsi que la médecine du travail. Ainsi, ils réclament l'ouverture, dès le mois de septembre prochain, de services de médecine du travail dans les 48 wilayas du pays, et la conclusion d'accords avec les hôpitaux et les cliniques pour une prise en charge des travailleurs de l'éducation. Pour ce qui est des œuvres sociales, ils demandent la création d'un organe indépendant de l'administration ministérielle et des syndicats pour gérer les œuvres sociales. Les syndicalistes auront toutefois le rôle d'observateur. C'est autour de ce dernier dossier que la commission mixte (syndicats/ministère) s'est réunie hier au siège du ministère à Alger. Selon les représentants de l'Unpef et du Cnapest, “cette réunion a fini en queue de poisson”. Ils précisent que la tutelle a longuement insisté sur la présence de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE/UGTA) au sein de la commission mixte afin d'aboutir à un consensus. “C'est la deuxième fois qu'on se réunit avec la commission et la FNTE ne se présente pas. Nous avons finalisé ce dossier et la FNTE retarde les négociations. La tutelle a reporté, encore une fois, ce dossier à une date ultérieure”, a déclaré M. Nouar, responsable du Cnapest, lors d'une conférence de presse tenue, hier, conjointement avec l'Unpef, au siège du syndicat. Les deux syndicalistes ont, également, exprimé leur insatisfaction concernant les dernières augmentations annoncées par le ministère. Mais que reprochent-ils aux nouvelles mesures relatives à la valorisation du régime indemnitaire ? Selon les deux responsables du Cnapest et de l'Unpef, ces augmentations ont été “gonflées” car elles ont été annoncées pour les travailleurs au 6e échelon, c'est-à-dire ayant une expérience de plus de 18 ans. “Ce qui est un acquis automatique par l'expérience professionnelle (IEP) est présenté comme une augmentation. En plus, la prime de rendement individuelle (PRI) n'étant pas annoncée, tout porte à croire qu'elle est intégrée dans l'augmentation”, ont noté les deux syndicats. M. Nouar parle carrément de manipulation. “Ces augmentations varient entre 3 000 et 5 000 DA pour le secondaire et de 2 000 à 4 000 DA pour le primaire, non pas entre 8 000 et 10 000 DA, car la prime de rendement est variable. C'est de la manipulation destinée à remonter l'opinion publique contre les enseignants”, a-t-il précisé, tout en soulignant que le corps enseignant bénéficie de quatre primes et indemnités : l'indemnité d'expérience pédagogique et professionnelle (IEPP), l'indemnité d'application pédagogique et professionnelle (IAPP), la prime de documentation et celle de la qualification. Les deux porte-parole se sont également interrogés sur le sort des nouvelles primes discutées au sein de la commission mixte (ministère-syndicat) ainsi que celle proposée pour réhabiliter les adjoints d'éducation dans leurs droits. “C'est à la tutelle d'assumer ses responsabilités quant aux conséquences de ce débrayage”, a annoncé M. Dziri, responsable de l'Unpef. Par ailleurs, les syndicalistes demandent au président de la République d'intervenir pour régler le problème de l'éducation.