Quoi que diversement perçus par les parents d'élèves et les enseignants, les cours de soutien sont devenus, ces dernières années, un passage incontournable pour les scolarisés, notamment les concernés par les examens de fin d'année. Le phénomène concerne absolument les trois paliers de l'éducation. Lycéens et collégiens se voient ainsi dans l'obligation de s'offrir ces cours en sacrifiant leurs heures de repos. Cet état de fait traduit-il tout simplement l'échec de l'école ? Une chose est sûre, «le recours à ces cours privés n'a jamais apporté le plus à l'élève», souligne Abdelhafid, un parent et cadre de l'éducation, qui précise: «Cette pratique, interdite par le ministère, a certes distingué entre les moyennes des élèves de la même classe, mais n'a en aucun cas créé la différence entre leurs degrés d'assimilation ou leurs niveaux de compétence et la preuve est que la majorité des nouveaux bacheliers calent à la première année universitaire.» Et de déplorer encore : «Certains apprenants optent pour les cours de soutien juste pour avoir une bonne note puisque leur enseignant (privé dans ce cas) conçoit ses interrogations ou sa composition en rapport avec les exercices qu'il leur a résolus dans le hangar où il donne ces cours et où toutes les commodités de travail sont absentes.» Notre interlocuteur n'a pas manqué de souligner au passage le deux poids et deux mesures des enseignants «qui, d'un côté, se plaignent de la charge dans les classes et dans certains cas des conditions socioprofessionnelles au niveau des établissements scolaires et, d'un autre, ne se gênent guère du nombre qu'ils entassent ailleurs puisque certains donnent leurs cours de soutien avec plus de 80 élèves». Pour Benouda, ex-directeur d'école primaire, le phénomène est directement lié au niveau des enseignants qui, selon lui, manquent de formation et surtout de dévouement. «Cette pratique est étrangère à notre école et les instances concernées sont appelées à l'endiguer. Si l'enseignant est capable de transmettre son message, qu'il le fasse alors dans son établissement scolaire !» Pour remédier à ce phénomène qui ne peut, selon lui, que vider l'école de sa mission, Benouda plaidera pour le fort déploiement des inspecteurs et surtout la tenue de séminaires pédagogiques au niveau des établissements scolaires. D'un autre côté, les élèves, les premiers concernés, voient en ces cours une opportunité pour s'habituer aux différents exercices. «Je prépare mon bac cette année, je me suis engagé dans ces cours pour espérer avoir une bonne note, surtout dans les matières essentielles (maths, physique et sciences naturelles», dit Souhila qui ajoute : «Je n'ai pas le choix, je sacrifie tout, je suis même prête à m'asseoir à même le sol pour assister à ces cours.» Pour sa part, la directrice de l'éducation à Relizane, Hidayate Hirèche, a réaffirmé la position des pouvoirs publics à l'égard de ces cours privés. «La ministre est claire là-dessus, elle interdit aux enseignants exerçant dans le secteur public de dispenser des cours moyennant des sommes d'argent», a-t-elle lancé en précisant : «L'Etat n'a ménagé aucun effort pour améliorer les conditions socio- professionnelles de l'enseignant pour lui permettre d'accomplir sa mission dans des conditions idéales.» Et d'ajouter : «Ce qui me chagrine, c'est que certains parents n'ont pas hésité à priver leurs petits enfants, les écoliers, de leurs week-ends pour les envoyer dans des lieux inadéquats suivre des cours supposés de soutien ou de renforcement, en oubliant que le repos, la détente et les heures de jeu font partie de la scolarisation. Par ces pratiques déplorables, on finira par perturber le processus de développement de nos enfants. Les parents doivent veiller sur la programmation pédagogique de leurs enfants et faire confiance à l'école.»