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Il n'existe aucun interfaçage efficace entre les entreprises et la recherche scientifique
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2016

– Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a émis un arrêté obligeant les entreprises à s'investir dans la recherche. En retour, elles bénéficieront de déductions fiscales. Quelle en est votre lecture ?
Le décret ministériel désignant certains secteurs, dont les entreprises et les institutions, sera encouragé pour exploiter la recherche-développement en contrepartie d'une déduction de taxes et d'impôts est une décision très louable en soi. Néanmoins, il se trouve qu'il est aussi très tardif, au même titre que le décret destiné à lutter contre le plagiat, dont l'auteur (le ministre) s'est autorétracté, puisque quelques semaines après, il a déclaré que nos universités ne sont presque pas, sinon marginalement concernées, par ce phénomène.
S'il est fermement établi à travers le monde que la recherche scientifique est au développement ce qu'est l'eau est à la vie, il n'empêche que ce rapport dépend surtout de la structure socioéconomique et de la conjoncture du pays en question plus que de la décision de tel ou tel ministre. Sinon il aurait été irresponsable d'attendre jusque-là, pour être en pleine crise financière, pour se rendre compte qu'il faut lier la recherche au développement des entreprises et du pays.
– Pourriez-vous nous expliquer cette relation ?
Pour comprendre mon propos, je vais classer la relation de la recherche scientifique au développement de l'économie des pays de la façon suivante :
Pour les pays à économie libérale, les entreprises travaillent dans le contexte de la compétition. Pour survivre, elles ont besoin d'avoir de hautes performances en créativité, en innovation et en adaptation. Il faut être à l'avant-garde des nouvelles idées et techniques pour pouvoir façonner des produits hautement compétitifs. Donc, c'est le marché qui se charge de valoriser la recherche-développement pour assurer l'efficacité des entreprises.
Bien entendu, le gouvernement en fonction de ses priorités et de certaines conjonctures peut encourager tel ou tel secteur par la réduction des impôts et taxes, l'octroi de prêts avantageux, la participation aux investissements, etc. Les entreprises et les organismes concernés disposent naturellement de systèmes d'état de veille technologique, d'un personnel de formation de qualité et de grande capacité d'adaptation aux changements.
Pour les pays vraiment émergents, j'en citerais ceux qui sont comparables à l'Algérie, comme la Turquie, l'Iran, la Malaisie et l'Indonésie. Dans ces pays, une démarche stratégique de développement a pu visionner dès sa conception l'encouragement de la coopération étroite entre les entreprises, d'une part, et la recherche-développement, d'autre part , mais sujette à une formation de qualité. Le succès de cette relation est incompatible avec une formation au rabais, avec bradage de diplômes comme chez nous (voir le classement de nos universités, mais aussi allez mener des enquêtes sur le terrain).
– La déduction fiscale n'est-elle pas un facteur d'incitation à la recherche pour le monde économique ?
Bien sûr. Dans les pays développés, selon le besoin, certains secteurs, considérés comme stratégiques, sont favorisés par le gouvernement au moyen de la réduction des taxes et impôts, par des prêts avantageux, par l'engagement d'investissements du gouvernement. Cela peut concerner les systèmes de défense militaires, la médecine, le médicament, l'énergie, l'agriculture, les secteurs technologiques de pointe, entre autres.
Pour les pays en voie de développement, dont l'Algérie fait partie (monde arabe, certains pays africains), la recherche scientifique n'est qu'une activité accessoire, dont personne n'a besoin, puisque le modèle de développement est inconsistant. Les objectifs et les conditions de développement sont flous et non définis, dès lors que chaque membre d'une institution fonctionne pour exploiter l'institution et réaliser ses propres objectifs personnels.
L'économie du pays dépend prioritairement des importations. Les entreprises sont généralement dépendantes des entreprises mères étrangères et fonctionnent en régime administratif sans aucune obligation de résultat. Elles sont largement subventionnées et supportées par l'Etat pour masquer en partie le chômage. La recherche scientifique universitaire est également sans expérience de terrain et reste une activité sans impact sur l'environnement. Il n'y a donc aucun interfaçage efficace entre les entreprises et la recherche scientifique.
– Y a-t-il eu des expériences infructueuses ?
Par le passé, quelques tentatives essayant de connecter la recherche au développement ont eu lieu, mais généralement sans grand succès par suite de l'organisation structurelle des entreprises et des universités. A titre d'exemple, il y a une dizaine d'années, de grandes entreprises de la région de Constantine ont fait appel à une réunion avec l'université de Constantine dans le but de coopérer afin d'affronter la compétition industrielle internationale. Aussi, des demandes de coopération soutenues financièrement par la direction générale de la recherche scientifique (Dgrst) encourageant la coopération R&D et n'engageant en rien certaines entreprises qui n'ont pas eu de réponse.
Bien que les projets soient au bénéfice de l'entreprise et des citoyens, certaines entreprises peuvent présenter un comportement négatif. Leurs responsables préfèrent les produits d'importation coûteux au lieu de coopérer (gratuitement) au développement ou relever le taux d'intégration par la R&D d'un produit final qui est à destination des citoyens défavorisés, comme les prothèses pour handicapés, par exemple.
De plus, la direction de la recherche a lancé la notion de projets nationaux de recherches (PNR) en direction des universités et des centres de recherche pour booster la recherche-développement. Bien que l'idée soit intéressante en soi et était soutenue par une prime financière conséquente pour motiver les chercheurs, l'impact socioéconomique n'était pas celui attendu. En effet, les causes sont multiples : entreprises désintéressées, absence de bureau recherche-développement au niveau des entreprises, inexpériences de certains chercheurs devant les problèmes concrets.
– Quelle approche faut-il préconiser pour réactiver le secteur du R&D ?
Si on change le modèle de développement, il faudrait alors les points suivants :
1)-Assurer une formation qualitative de niveau international dans les universités et les institutions de recherche. Elle doit être basée sur la sélection et garantir l'égalité des chances entre candidats pour la formation autant que pour les recrutements. Pour cela, il faudrait abandonner la formation actuelle qui a fait que les universités algériennes soient à la traîne dans les classements internationaux.
Il faut introduire la démocratie au sein des universités pour éviter d'avoir des responsables par placement familial, régional ou clanique. Mais il sera difficile d'effectuer ces changements nécessaires vu que le système universitaire est piégé par le populisme. On ne pourra pas effectuer une sélection un tant soit peu sérieuse par peur de la réaction des étudiants, grèves et manifestations s'entend.
2) Il est nécessaire de quitter le modèle de l'entreprise monopoliste, créée et soutenue par le gouvernement, pour permettre et favoriser la compétitivité et l'esprit entrepreneurial.
3) La recherche-développement doit disposer des groupes de R&D qui constitueront les interfaces efficaces entre l'entreprise et le monde extérieur. Ce sont généralement des ingénieurs et des chercheurs de grande qualité qui doivent maîtriser les problèmes de l'entreprise et être en état de veille technologique à l'échelle nationale et internationale pour pouvoir prévoir, évaluer, choisir et adapter au contexte de leur entreprise les solutions disponibles. Ce sont ces groupes qui doivent orienter l'entreprise pour établir des contacts, s'engager dans la coopération avec tel laboratoire ou tel centre de recherche.
On peut remarquer que des capacités en R&D étaient disponibles dans les années 1980 pour la majorité des entreprises nationales qui ont envoyé en formation des dizaines d'ingénieurs à l'étranger. Quelques années après, ces ingénieurs les ont quittées pour la plupart, faute de bon usage et autres incommodités.
– Quel sera l'impact d'un tel arrêté sur l'avenir de la recherche-développement ?
Selon mon expérience en industrie comme dans les universités, il me semble que ce décret, qui est intéressant, reste très général. Il ne spécifie pas les modalités et les conditions d'application. A titre d'exemple, il devrait être obligatoire pour les entreprises étatiques qui doivent constituer des équipes R&D et qui doivent faire appel aux compétences nationales avant de faire appel aux chercheurs et experts des entreprises internationales.
Si on ne change pas de modèle actuel «de développement», on aura encore à compter les échecs et accumuler les retards. Par exemple, les entreprises pourront contourner cette exigence, comme tant d'autres, pour se mettre formellement en conformité pour profiter de la déduction des taxes et impôts sans rechercher un réel progrès dans ses performances.


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