Des facteurs qui génèrent une forte demande en devises par rapport à l'offre ont ainsi des incidences sur les cours. Distribué au compte-gouttes dans les banques, l'euro, la monnaie la plus prisée, vaut 189 DA à l'achat et 186 DA à la vente au marché noir. Un record rarement égalé auparavant. Le dollar américain coûte quant à lui 170 DA à l'achat et 169 DA à la vente. Le marché parallèle du change flambe en cette fin d'année, encouragé par une demande exceptionnellement élevée. Fêtes de fin d'année, séjours religieux aux Lieux Saints de l'islam (omra), valeur refuge… des facteurs qui génèrent une forte demande en devises par rapport à l'offre, entraînant ainsi des incidences sur les cours. Au square Port-Saïd d'Alger, principal marché informel du change du pays, la valeur du dinar était hier au plus bas, alors que les principales devises étrangères, notamment l'euro et le dollar, enregistraient d'importantes hausses. Distribué au compte-gouttes dans les banques, l'euro, la monnaie la plus prisée, valait 189 DA à l'achat et 186 DA à la vente dans ce marché noir. Un record rarement égalé auparavant. Le dollar américain valait quant à lui 170 DA à l'achat et 169 DA à la vente. Sur le marché officiel interbancaire du change, le billet vert et la monnaie européenne étaient cotés respectivement à 110 DA et 117 DA, selon les chiffres publiés le même jour sur le site de la Banque d'Algérie. Entre les deux circuits, l'écart est de 72 DA pour l'euro et 60 DA pour le dollar. Alors que le projet de revoir à la hausse l'allocation touristique, fixée actuellement à 115 euros en fonction de la cotation officielle du dinar, a été avorté, les Algériens n'ont d'autre choix que de payer les devises au prix fort. Une aubaine pour les cambistes qui dope leurs chiffres d'affaires. «Malgré la crise économique, les fêtes de fin d'année sont une période bénie pour nous ! Après une relative baisse il y a quelque temps, l'euro a commencé à se revigorer depuis plus de deux semaines en raison d'une demande croissante. Avec les fêtes de fin d'année, propices aux voyages à l'étranger, et la omra, c'est normal que la valeur des devises européenne et américaine augmente», confie un jeune cambiste, interrogé non loin du Palais de justice. Notre interlocuteur pronostique en revanche que les prix de devises baisseront une fois passée cette période de grosse demande. «Si le dollar, par exemple, culmine à 170 DA, c'est seulement une hausse conjoncturelle. Il ne tardera pas à baisser à partir de janvier pour se maintenir à un niveau moyen», tente-t-il d'analyser. Quelques mètres plus loin, la rue de la Liberté est pleine à craquer. L'effervescence est à son comble. Sous les arcades où à même la chaussée, les vendeurs informels de devises sont adossés aux voitures stationnées à défaut de bureau de change dont le projet d'ouverture a été mis au placard par les hautes autorités du pays. Dans ce marché informel où les transactions se déroulent sous les yeux de policiers conciliants, la croissance de la demande en devises étrangères, émanant de bourses moyennes, n'explique pas tout. D'aucuns soulignent que de nombreux opérateurs économiques y recourent systématiquement et provoquent des tensions sur les taux de change. «Parmi notre clientèle, il n'y a pas que les petits demandeurs. De gros consommateurs de devises, dont des importateurs et des hommes d'affaires, sollicitent souvent le marché parallèle pour payer cash leurs achats de produits. Lorsqu'une hausse de devises spectaculaire survient, il faut se rendre à l'évidence que de gros acheteurs ont passé d'importantes commandes», explique un autre cambiste. Selon des experts, 40% de la masse monétaire circule sur le circuit du marché informel de change du pays. Outre les raisons conjoncturelles, d'autres «cambistes» évoquent un problème de confiance, à tel point que les monnaies étrangères sont devenues pour beaucoup d'Algériens une valeur refuge en ces temps de crise financière, conséquence de la chute des recettes pétrolières. «Si certains achètent de la devise, ce n'est pas forcément pour faire du tourisme ou pour les besoins de soins à l'étranger. Ils préfèrent faire des économies en devise, parce qu'ils ont confiance plutôt dans l'euro ou le dollar que dans la monnaie nationale, dont la valeur ne cesse de se déprécier», avance un autre cambiste.