Une effervescence régnait hier au marché parallèle de la devise au square Port-Saïd d'Alger. Un interminable va-et-vient est constaté sur place. Ce qui renseigne sur une demande plus importante en monnaie forte en ces jours de fin d'année. Une situation qui a encouragé l'envolée du change. En effet, depuis une semaine, l'euro flambe. Encouragé par une demande exceptionnelle due aux vacances scolaires et aux voyages de fin d'année et les séjours religieux dans les lieux saints de l'Islam. Ces facteurs sont la principale cause de la hausse du taux de la devise, en plus du fait que les banques continuent d'accorder une maigre allocation touristique fixée actuellement à 15.000 DA, soit 115 euros, en fonction de la cotation officielle du dinar. Ainsi, l'euro, la monnaie la plus demandée, affichait 189 DA à l'achat et 180 DA à la vente. Quant au dollar américain, il est échangé à 175 DA à l'achat et 165 DA à la vente. Sur le marché officiel interbancaire du change, le billet vert et la monnaie européenne étaient cotés respectivement à 110 DA et 117 DA, soit un écart de 72 DA pour l'euro et 60 DA pour le dollar. Pour les cambistes, « cette hausse est la conséquence directe d'une demande croissante. Avec les fêtes de fin d'année, propices aux voyages à l'étranger, et la omra, c'est normal que la valeur des devises européenne et américaine augmente », dira un jeune faisant tournoyait dans ses mains une liasse de billets. Pour notre interlocuteur, « le prix de la devise baissera à partir de janvier 2017, une fois passée cette période de forte demande ». Cette période haussière de la devise sur le marché parallèle n'a pas échappé aux économistes. Djamel Belmihoub, économiste, estime que « la cotation bancaire n'a pas changé et donc il n'y a pas de dévaluation ni dépréciation du dinar ». Mais « face à un système de change instable comme le nôtre, les gens anticipent et échangent leurs dinars contre des devises, comme monnaie de réserve ». L'autre facteur favorisant cette envolée de la devise est, selon notre interlocuteur, « la forte demande qui augmente à chaque fin d'année. Si l'on revoit le cours de la devise à cette même période de l'année dernière, on constatera qu'elle connaît un pic ». Belmihoub évoque un autre facteur et non des moindres : « Le marché parallèle étant alimenté par l'argent de la surfacturation et non par l'argent des expatriés ou des retraités d'outre-mer, il a connu une baisse de l'offre devant le contrôle rigoureux opéré par les banques actuellement. » Selon des experts, 40% de la masse monétaire circule dans le circuit du marché informel de change du pays. Une situation qui a incité des parties à demander la régularisation de ce marché avec la création de bureaux de change. Une manière de faire stopper ces opérations de change hors tout contrôle.