Une réaction jugée bien tardive par la communauté médicale et pharmaceutique, qui crie à «l'escroquerie de la part d'un pseudo-inventeur appuyé par des médias connus pour faire de la propagande». Pis, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, estime-t-on, a une grande responsabilité dans cette affaire, d'une part en raison des assurances avancées par Abdelmalek Boudiaf quant aux bienfaits de ce produit, qualifié de «miraculeux» dont à ce jour personne ne connaît la composition exacte, même pas les responsables du ministère de la Santé chargés du dossier. «Une expertise a été effectivement effectuée au Centre national de toxicologie (CNT), à l'Institut Pasteur d'Algérie, après avoir été déposée par le ministère de la Santé. L'analyse n'a donc concerné que le dosage des métaux dans le produit, dont un liquide et une poudre. Les résultats confirment la non-toxicité et la présence de différents constituants de l'huile d'olive, sans plus, puisqu'aucune fiche technique ni composition exacte du produit n'ont été transmises à ce jour», nous confie une source proche du dossier, qui déplore que tout a été fait de manière officieuse. «Aucune demande écrite pour l'expertise du produit n'a été introduite officiellement par M. Zeibet. Des échantillons d'un flacon de sirop RHB de TZLab et une boîte de poudre ont été déposés par le ministère de la Santé au CNT en avril 2016 de manière informelle, et le concerné a récupéré les données d'analyses qui ne constituent qu'une étape pour développer son produit. Le CNT n'est pas habilité à valider ou à rejeter un dossier de ce genre. Son rôle est de s'assurer de la présence ou non de composants toxiques», poursuit notre source, qui dément catégoriquement que l'Institut Pasteur ait délivré l'autorisation de commercialiser ce produit, comme cela a été annoncé par M. Zeibet sur la chaîne Echorouk TV. Notre source souligne que les analyses de toxicité ne suffisent pas pour commercialiser un produit. «Ce n'est qu'une étape de toute la procédure qui doit être suivie selon des codifications et une méthodologie universelle», poursuit-elle, avant de préciser qu'en termes de complément alimentaire, il y a actuellement un vide juridique. «Les analyses dont se vante le peudo-inventeur se limitent donc à ces analyses au niveau de l'IPA et une analyse microbiologique effectuée par un laboratoire d'analyses, d'essais microbiologiques et physico-chimique privé à Constantine», précise notre source. En ce qui concerne la réaction tardive du ministère de la Santé, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), Messaoud Belambri, rappelle que le Snapo avait interpellé les pouvoirs publics (ministères de la Santé et du Commerce et le Premier ministère) au sujet de ce produit : «Nous avons demandé à savoir si le produit avait été officiellement autorisé à la vente et si les procédures réglementaires et administratives avaient été respectées. Comme nous avons demandé la composition exacte du produit et son mode d'action sur l'organisme, surtout qu'il lui était vanté des propriétés curatives par rapport au diabète.» Maintenant que le produit est retiré, M. Belambri estime qu'«il est absolument indispensable, dans le souci de préserver notre système de santé et la réputation de nos institutions étatiques, de mettre de l'ordre dans ce secteur et que les pouvoirs publics en tirent les leçons». Le Snapo, a-t-il encore souligné, exige la mise en place d'une commission d'enquête multisectorielle afin de faire toute la lumière sur la question : «Mais en parallèle, nous pensons qu'il est également important d'expertiser ce produit et de faire une étude détaillée notamment sur sa composition et ses effets car il s'agit d'une affaire de santé publique.» Le président du Snapo craint qu'à travers cette affaire du complément alimentaire RHB, l'industrie pharmaceutique algérienne soit discréditée au niveau national et international alors que des efforts colossaux ont été déployés dans le secteur.