Embastillé depuis le 29 octobre 2009, otage du super-président, ta vie est en danger à chaque instant. Quatre mois sont déjà passés sans que ZABA ait voulu lâcher la proie de ses dents. Que te mijote-t-on derrière les barreaux de ce pénitencier ? Je ne te cache pas ma peur de ce conseiller médical que j'accuse d'être derrière ta maladie. Quatre mois qui marqueront l'histoire de la Tunisie, tout comme tes 45 jours de grève de la faim. Ton nom est désormais associé à la Tunisie tout comme celui de Abou Kacem Chebbi, Farhat Hached, Ali Ben Gdhahem, Alyssa ou même Hannibal. Tu as été embastillé pour que ta plume n'écorche plus Il Dictatore, mais la planète entière parle de toi plus qu'elle ne parle de la Tunisie. Ton emprisonnement et l'injustice dont tu as fait l'objet pèse et pèsera lourd sur la conscience de la Tunisie et de toute l'humanité qui n'a pas assisté une personne en danger. Durant ces quatre mois, que d'occasions, si chères à toi, Ben Ali t'a privé ! Il y a eu d'abord ton anniversaire, le 11 novembre, l'anniversaire de notre belle berbère Khadija le 7 décembre, l'anniversaire de Ali la Pointe le 26 décembre, l'Aïd El Kebir, si sacré pour toi, le nouvel an arabe et puis le réveillon. Embastillé en 2009, nous voilà déjà en 2010. Durant cette année, tu as fait la une de tous les journaux, tes livres ont été réédités. Et puis surtout tu as été élu par le Journal du Dimanche l'une des dix personnalités internationales de l'année, à côté de Barack Obama pour avoir été nobélisé et de Abdelaziz Bouteflika pour avoir battu le score de son voisin avec 90% et quelques poussières des voix. En 2002, tu avais déjà été élu par Courrier International une des dix personnes qui ont fait bouger le monde. Sacré Taoufik, tu as toujours été le génie de ta classe. Tu as toujours raflé des trophées. Jeune, c'était aux jeux d'échecs puis en poésie, ensemble en journalisme. Et, maintenant, pour tes articles insupportablement pimentés pour le régime, tu as été glorifié. Je sais ce que tu peux ressentir dans ce lieu du XVIIIe siècle. Tu as été privé de ta plume, de ton Dostoïevski, de ton Emir Costarica, de tes enfants... de la vie... Mais sache que tous les être libres de cette terre te souhaitent bonne fête et te saluent. ZABA, ceux qui vont à la mort te saluent...