Un film à grand budget, qui n'est pas à proprement parler un épisode de Star Wars, mais un dérivé (spin-off, en anglais) qui s'intéresse à un aspect particulier de la saga imaginée par Georges Lucas, il y a maintenant près de 40 ans. Ici, il s'agit principalement de l'exploitation d'un détail de l'épisode IV (premier de la trilogie originale, mais le quatrième en suivant l'ordre chronologique de ce conte de la science-fiction) où il est question, pour les rebelles qui s'opposent à l'Empire galactique, de s'accaparer des plans qui permettront, dans la «vraie saga», à Luke Skywalker, sa sœur jumelle Leia (la princesse) et leurs alliés de détruire l'Etoile de la mort, une arme de destruction massive redoutable, car elle peut anéantir des planètes entières. Néanmoins, le film réalisé par Gareth Edwards est très convaincant, autant pas ses aspects visuels faisant découvrir d'autres mondes et d'autres planètes, que par sa mise en scène, qui respecte les codes du genre. En plus, tous les ingrédients de la Guerre des étoiles sont là, même si les personnages-clés des vrais épisodes ne font que de brèves où même de très brèves apparitions, et c'est le cas particulier de Leia, que le réalisateur, par la magie du cinéma, a su ressusciter sous les traits originaux de l'actrice Carrie Fisher, maintenant âgée de 60 ans et qui incarnait ce rôle dans la toute première trilogie (entre 1977 et 1983). C'est ce personnage qui prononce la phrase «Maintenant l'espoir est permis» et qui fait véritablement le lien avec la saga. Dark Vador, le robot R2-D2, et son complice, Z-6PO, font également des apparitions, mais nulle trace des «Jedi», ou de maître Yoda, et c'est l'un des éléments qui font aussi la différence. La troisième trilogie de la Guerre des étoiles est en cours, avec la sortie d'un premier opus réalisé par J. J. Abrams, sorti en 2015 et intitulé le Réveil de la Force. Pour Rogue One, il s'agit aussi d'un premier opus d'une trilogie «dérivée», mais même là, le spectacle est de toutes les façons garanti. C'est notamment le cas lorsque cela se fait dans des conditions optimales d'images et de son. Le prix du billet fixé à 1000 DA à Oran n'a pas été un handicap pour les spectateurs, car la vaste salle du Méridien (conçue pour accueillir jusqu'à 3000 personnes) a été relativement bien remplie malgré les craintes exprimées, juste avant, par Riad Ayadi de MD Ciné, le distributeur, qui a pris le risque de s'aventurer en dehors de la capitale pour projeter ce genre de film. Il a tenu à assister à cette première oranaise, dans l'espoir que le succès, réalisé la veille, jeudi, avec la projection d'autres films d'animation plus ou moins récents (Vaina et les Trolls notamment), permettra de maintenir la fréquence de programmation d'une à deux fois par mois. «A Alger, cela fait une année et demie que nous projetons les blockbusters américains, presque souvent en coïncidence avec leur sortie à Paris (2 jours de retard maximum)», indique le distributeur, qui s'est associé avec deux salles, Ibn Khaldoun et Cosmos, mais cette restriction est due seulement au fait que ce sont les seules à être équipées en DCP, car les films arrivent en numérique. A Oran, le constat est que, malgré la tenue depuis une bonne dizaine d'années du Fifao, aucune salle, ni le Maghreb (ex-le Régent) ni Es-Saada (ex-le Colisée), où se déroulent habituellement les projections des longs métrages n'est équipée de ce nouveau matériel. L'exception concerne la salle répertoire d'Oran de la Cinémathèque algérienne, mais ce n'est pas son rôle de projeter des films commerciaux récents. «C'est le paradoxe !» s'exclame le même distributeur, ajoutant : «C'est moi qui assure les projections du Fifao et du festival de Annaba, et cela peut vous étonner, juste après l'événement d'Oran, nous allons nous déplacer à Hassi Messaoud pour assurer la projection des films qui passeront dans le cadre des Rencontres cinématographiques prévues entre le 18 et 22 décembre courant.» Riad Ayadi dit gagner de l'argent en louant son matériel, mais il sait qu'en tant que distributeur de films, il gagnerait encore plus si un nombre important de salles s'équipaient de projecteurs numériques. Les salles existantes, quand elles sont fonctionnelles, proposent des films en DVD, ou, au mieux, en Blu-ray, donc pas adaptés. Quoi qu'il en soit, sans vouloir s'engager, on estime qu'il est possible que le prochain film, Assassin Creed (inspiré d'un jeu vidéo), a de fortes chances d'être, en même temps qu' Alger, et tout de suite après, Paris, projeté à Oran et, pourquoi pas, dans d'autres villes.