De nouvelles agglomérations arborant le slogan «Cités vertes» attirent la curiosité et font rêver les citadins. Hélas, cet objectif n'est qu'une idée utopique, brandie et exposée en gros caractère à l'entrée de cités plutôt «dortoirs» sentant le ciment et la ferraille. Situées dans des communes du sud d'Alger, telles que Douéra, Birtouta et Tessala El Merdja, ces cités sont plutôt sur la mauvaise voie pour devenir vertes, malgré la noblesse de l'objectif de leurs initiateurs. C'est du moins ce qu'affirment des résidants qui assistent au peu d'espace encore non bétonné, tombé en jachère. A la cité 1040 Logements de Ramdania (Douéra), de petits espaces devant faire office de jardins verdoyants à la réception de la cité, ont carrément disparu. Du mobilier urbain sous forme de pots est tout bonnement transformé en cendriers ou bacs à ordures. Ils accueillent plus de mégots et de gobelets que de fleurs ou d'arbustes. «Quelques espaces sont encore épargnés, mais ils se rétrécissent comme peau de chagrin», se désole un habitant. Juste à côté, une autre cité quasiment identique, mais relevant, elle, de la commune de Tessala El Merdja, les 932 logements la composant sont nus est austères. Certes, parsemés de petits coins embellis par des arbres implantés pour les besoins de la réception du projet, il n'empêche que le reste n'est que goudron et béton. Une grande étendue de terre n'est bizarrement pas exploitée. Pourtant, c'est le seul espace disponible en mesure de transformer le fameux slogan en réalité. Un peu plus loin sur l'autoroute reliant Douéra à Birkhadem, deux belles cités, flambant neuves, arborent deux énormes enseignes sur lesquelles est mentionné «Cités vertes». D'ailleurs, elles sont entourées de terres agricoles, sacrifiées sur l'autel de la crise du logement, sans pour autant que l'on daigne en faire des espaces verts dignes de ce nom. Elles ne sont ni exploitées par les fellahs ni mises en valeur par les autorités de wilaya pour la réalisation de jardins, a-t-on constaté. De l'autoroute, on est plutôt éblouis, mais en y accédant, on est frappés par la pauvreté esthétique des lieux. A peine des espaces infimes sont verts. Ils sont plutôt en bon état, mais il n'y a pas de quoi être fier et parler de cité verte. «Je pense qu'ils se sont trompés sur le plan d'architecture. Il fallait réserver au moins 50% de la superficie de la cité aux espaces verts. Ici, c'est la quasi-totalité des routes, des trottoirs et des espaces communs qui est bétonnée. Ce n'est que de la supercherie», souligne un résidant. Pis encore, des habitants sont unanimes à affirmer que les agents de l'Etablissement de développement des espaces verts d'Alger (Edeval) s'y rendent rarement et rien n'a été entrepris pour réaliser des jardins ou implanter des arbres dans les environs ou à l'intérieur de ces cités. Au centre d'Alger, par contre, on fait tout pour ressusciter des jardins jusque-là délaissés ou en créer d'autres.