La manara ou le serouel enguirlandé Autrefois, le Mawlid Ennabaoui était fêté dans une ambiance particulière et bon enfant dans la cité d'Ibn Mezghena, loin des détonations et autres agressions acoustiques qu'on assimile, à tort, à de bizarres joyeusetés. Outre les cantiques chantés dans les zaouïas et autres récitations du Coran psalmodiées dans les mosquées, les familles célébraient la naissance du dernier des Prophètes en organisant, histoire de s'imprégner de l'événement, des veillées incantatoires autour de jeux de société comme les hadjiate et boqalate. Aussi, si les « festoyeurs » de Noël accueillent la Fête de la nativité du Christ avec, entre autres, le sapin enguirlandé, certaines vieilles familles algéroises continuent à marquer la fête du Mawlid Ennabaoui avec une symbolique qui n'est autre que la Manara, « sorte de charpente étoilée soutenue par un axe en bois paré d'un serouel décoré, ornée de festons aux couleurs chatoyantes qui illuminait aussi certaines rues de La Casbah », nous disait un octogénaire. Heuraoua : Des rues sans nom Alors que la ville ne cesse de grandir, avec une population qui avoisine les 40 000 habitants, des quartiers chics qui s'étirent à vue d'œil, le simple passant n'est pas près de trouver aisément telle ou telle adresse, y compris le facteur qui garde toujours les vieux réflexes de déposer le courrier chez l'épicier. Celui-ci reste malgré lui le distributeur attitré pour toutes vos correspondances, même les plus urgentes et les plus intimes. Et tant pis si vous ne pouvez récupérer à temps votre convocation à un examen, à un emploi, votre facture... Pourtant, se désole un citoyen, il aurait fallu tout simplement, comme partout ailleurs, baptiser un lieu — cela ne relève pas du génie — les différentes rues, censées porter des noms de chouhada que s'enorgueillit de posséder la population . « Il y a une dizaine de noms bien connus, il suffit de se rendre au carré des Martyrs pour y relever les noms », dira un habitant de la localité. Le 18 février, Journée nationale du chahid, aurait pu constituer l'occasion idéale pour mettre en place une commission chargée de la toponymie des différentes rues « anonymes ». En attendant, les passagers se contentent de simples repères de la préhistoire, parfois aléatoires, car disparus entre-temps, pour chercher des adresses.