Autrefois, le Mawlid Ennabaoui était fêté dans une ambiance particulière dans la cité d'Ibn Mezghenna et dans d'autres villes de la côte Ouest. Certaines familles à Alger célébraient la naissance du dernier des prophètes en organisant, histoire de s'imprégner de l'événement, des veillées autour de jeux de société comme boqâlate et les hadjayate. Aussi, si les « festoyeurs » de Noël accueillent la fête de la nativité du Christ avec, entre autres, le sapin enguirlandé, certaines vieilles familles d'Alger continuent à marquer la fête du Mawlid Ennabaoui où le sacré se mêle à la symbolique. Une symbolique qui inspira le réalisateur Belkacem Hadjadj dans son film El Manara qui tente d'éclairer un peuple, tiraillé entre traditions et religion. Outre les cantiques chantés dans les zaouïas et autres récits du Coran psalmodiés dans les mosquées, le Mawlid Ennabaoui était marqué à Alger par une tradition qui prodiguait de l'enjouement et de la bonne humeur. Celle-ci se résume aussi par la manara : une sorte de charpente étoilée soutenue par un axe en bois paré d'un serouel orné de festons qu'on illumine et fleuronnée de papier aux couleurs chatoyantes. Tout un rituel accompagne cette tradition « mouloudéenne » qu'on observait dans certaines villes aussi comme Koléa, Miliana, Blida et Cherchell et que d'aucuns attribuent à la période ottomane. En clair, une tradition qui fait partie d'un patrimoine immatériel supplanté, désormais, par l'ère des « doubles bombes » et autres joyeusetés fulminantes importées par les seigneurs de l'import-import.