Autrefois, le Mawlid Ennabaoui était fêté dans une ambiance particulière dans la cité d'Ibn Mezghenna. Outre les cantiques chantés par les qaçadine au mausolée Sidi Abderrahmane Etthaâlibi et autres récits du Coran psalmodiés dans les mosquées, les familles célébraient la naissance du Sceau des Prophètes en organisant, histoire de s'imprégner de l'événement, des veillées autour de jeux de société comme les hadjaiaâte et boqalate. Aussi, si les « festoyeurs » de Noël accueillent la Fête de la nativité du Christ avec, entre autres, le sapin enguirlandé, certaines vieilles familles algéroises continuent à marquer la fête du Mawlid Ennabaoui avec une symbolique qui n'est autre que la manara. Celle-ci représente un grand cerceau servant de support qu'on illumine ou une charpente étoilée soutenue par un axe en bois paré d'un serouel bouffant décoré de festons aux couleurs chatoyantes. Tout un rituel accompagne cette tradition « mouloudéene » qu'on observe aussi dans certaines villes comme Koléa, Miliana, Blida et surtout Cherchell, réputée pour son attachement à cette coutume et que d'aucuns attribuent à la période ottomane. Cette année, pour marquer la tradition, l'association Ahla El Qalam a organisé un après-midi convivial avec un récital poétique animé, mercredi dernier, par une pléiade de paroliers dont Kamel Cherchar, Messaoued Tayebi, Sid Ahmed Oudinèche et Ahmed Bouziane, relayés par l'interprète chaâbi Mustapha Bouzagzi qui a gratifié, en guise de finale, l'assistance de morceaux de m'dih. Aussi, l'association des Amis de la rampe Louni Arezki concoctera, à l'occasion, un programme musical dans son fief, à savoir le palais El Menzah. La direction de la culture de wilaya se met de la partie. Elle accueillera aujourd'hui au Centre des Arts et de la Culture du palais des Raïs des troupes de musique traditionnelle chaâbi et andalouse. Une halte est prévue, à cette occasion, au mausolée du saint patron d'Alger, Sidi Abderrahmane autour d'un cérémonial qui s'inscrit dans le patrimoine immatériel.