«L'augmentation du prix du pétrole va rester relativement modeste : nous tablons ainsi sur un brent à 59 dollars dans trois mois et nous pensons qu'il va rester relativement stable sur les trois prochaines années, entre 50 et 60 dollars», a affirmé Damien Courvalin, stratégiste des matières premières et responsable de la recherche sur les marchés de l'énergie chez Goldman Sachs, dans un entretien au quotidien français Les Echos. Fin novembre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait pris la décision de réduire sa production pour soutenir les prix déprimés et volatils depuis deux ans et demi. Selon M. Courvalin, cette décision est purement conjoncturelle : «En réalité, ce qui est important pour les pays de l'OPEP, c'est de réduire le niveau des stocks de brut. Lorsque le niveau des stocks est élevé, les prix à terme sont supérieurs aux prix spots, permettant aux producteurs américains, par exemple, de financer leur activité grâce à des ventes à terme. Or, l'Arabie Saoudite ne peut pas en profiter de la même façon car c'est un trop gros acteur sur le marché. Des stocks élevés constituent par ailleurs un facteur de volatilité des prix, dont l'Arabie Saoudite ne veut pas car cette volatilité nuit à une bonne valorisation de ses actifs.» Et d'ajouter : «Une fois que cet objectif de réduction des stocks sera atteint, les producteurs augmenteront à nouveau leur production pour continuer d'accroître leurs parts de marché et leurs revenus.» Pour 2017, Goldman Sachs table sur un rééquilibrage du marché pétrolier. «La demande sera enfin supérieure à l'offre sur la deuxième moitié de 2017, car la production a baissé dans de nombreux pays à coûts élevés (Chine, Mexique, Venezuela, Colombie), alors que la demande augmente sous l'effet de l'activité économique qui s'accélère», a relevé l'expert, notant que «les producteurs cherchent simplement à accélérer un rééquilibrage qui interviendra de toute façon». A propos du respect des coupes annoncées par les pays producteurs engagés par un accord de limitation de la production, M. Courvalin a soutenu qu'elles seront mises en œuvre à hauteur d'environ 85%. «Nous avons identifié trois groupes de pays. D'abord, ceux qui respecteront leur engagement à 100%, parmi lesquels l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis, Oman, l'Algérie et la Russie. Ensuite, ceux qui le respecteront car leur production est en déclin naturel, comme le Venezuela ou le Mexique. Et un troisième groupe, constitué des pays qui auront plus de mal à le respecter d'un point de vue budgétaire, comme l'Irak, l'Iran ou le Kazakhstan. Comme le premier groupe est le plus gros, le respect des engagements sera supérieur à celui des années 1980, où il s'élevait en moyenne à 70%», a-t-il détaillé. La hausse de la production aux Etats-Unis atteindra, selon ses estimations, 500 000 barils par jour au quatrième trimestre 2017. «Avec un baril à 55 dollars, nous anticipons une augmentation d'activité très forte, mais il y aura à court terme des contraintes logistiques», a souligné M. Courvalin pour qui l'élection de Donald Trump n'aura qu'un impact éventuel à moyen terme. Par ailleurs, l'expert n'anticipe pas de choc pétrolier à moyen terme bien que l'amont pétrolier ait connu une chute drastique des investissements.