ça n'a échappé à personne : il fait beau et il fait chaud. Le climat de ces dernières semaines, voire de cette année, a été ponctué par des variations de température importantes. Il a plu en décembre, et il a fait beau en janvier, et février fut le mois de toutes les tempêtes avec des baisses vertigineuses de température et de nombreuses averses. Le Djurdjura s'est recouvert de neige peu de temps après les premières récoltes d'olives alors qu'aujourd'hui, le soleil est de retour et avec lui un camaïeu de couleurs. Est-ce un phénomène nouveau ? Non, répondront d'une seule voix le chargé de la communication à l'office national de la météorologie, M. Ambar et M. Habila, lui-même géomorphologue et directeur général de l'institut national des sols, de l'irrigation et du drainage, attaché au ministère de l'Agriculture. Le printemps est là plus tôt que de coutume, mais si l'on ne peut d'emblée pointer son doigt en direction du réchauffement climatique, on peut d'ores et déjà clamer que 2010 est une année à printemps précoce. Les asphodèles, qui fleurissent habituellement vers le mois d'avril, étaient en fleurs dès fin janvier sur la bande côtière de la wilaya de Tipasa. Les fleuristes proposent déjà des bruyères en fleurs, des arômes et des narcisses. C'est beau, ça fait chanter les oiseaux, mais derrière le tableau idyllique que nous présente dame nature, bien d'autres réveils sont à craindre. Mars vient à peine de commencer. Les amandiers sont en fleurs, mais également d'autres arbres fruitiers qui, aux premières apparitions sérieuses du beau temps, ont fait éclore leurs bourgeons pour laisser apparaître la fleur en prévision d'un fruit goûteux. Sauf qu'à cette période de l'année tout peut encore changer. Mars pourrait amener avec lui le gel et la neige. Et si l'arbre fruitier marque sa prestance lorsqu'il est en fleurs, parfumant légèrement les champs, il est dans une période de son cycle où il est encore fragile. Entre le moment où le bourgeon apparaît et celui où fleur apparaît, le gel d'une petite heure en pleine nuit suffit à entamer les futurs fruits. M. Ambar rappellera qu'en mars de l'année dernière, il avait neigé, sous-entendant que tout peut encore arriver. Le chargé de la communication de l'ONM préconise à cet effet de se tenir informé jour après jour, afin de pouvoir prendre les mesures qui s'imposent pour ne pas voir sa récolte partir. A l'ère où il est de bon ton de parler de bouleversement climatique, personne ne peut affirmer que cette hausse des températures qui a traversé l'Algérie durant cet hiver 2010 en est un. Pour M. Habila, les choses ne peuvent s'expliquer de façon aussi tranchée. « Il y a des cycles de grandes amplitudes thermiques comportant des perturbations climatiques. Le sol peut témoigner de cela comme on peut le voir sur des falaises composées de bancs de galets dans des bancs de sable. Il représente une pulsation climatique plus humide. » Printemps précoce ou changement climatique ? Rien d'affirmatif, mais le géomorphologue recommande d'adopter une stratégie visant à ne pas se laisser surprendre. « Il faut trouver un système de production et de culture qui ne souffre pas trop de ces variations climatiques. » M. Ambar invite à ne pas s'alarmer mais à s'armer devant ce qui pourrait être un printemps précoce ou l'annonce d'un bouleversement que notre pays ne fait qu'amorcer. L'Algérie est un pays à climat méditerranéen, et de ce fait, des asphodèles, fin janvier, n'ont rien d'exceptionnel, il importe uniquement de surveiller les récoltes.