Le jeune étudiant en sciences politiques, Alexandre Bissonnette, qui a visité la mosquée quelques jours avant son acte et discuté avec des fidèles, est revenu dimanche soir à l'heure de la prière du Icha. Armé d'une mitraillette AK-47 et d'une arme de poing 9 mm. L'attaque n'a duré que quelques minutes tuant six personnes et blessant une dizaine d'autres, faisant 17 enfants orphelins, selon différents médias locaux. Le bilan aurait pu être plus lourd si l'arme de l'assaillant ne s'était pas enrayée. Parmi les victimes deux Algériens. Il s'agit de Khaled Belkacemi et de Abdelkrim Hassan. Ils seront enterrés en Algérie. Une cérémonie funéraire a eu lieu hier, jeudi, dans une grande salle de sports de Montréal. Les dépouilles devraient arriver au pays demain. Le gouvernement algérien a décidé de prendre en charge les frais de rapatriement. Les autres victimes viennent de Tunisie, du Maroc et de Guinée. Frédéric Castel, chargé de cours et chercheur au département de sciences des religions de l'université du Québec à Montréal rappelle qu'«environ 43% des musulmans du Québec sont nés au Maghreb et 25% dans la province. C'est une communauté hyper instruite». Acte terroriste? Bien que l'attaque ait été qualifiée de terroriste par la Premier ministre canadien Justin Trudeau, l'assaillant de 27 ans ne fait pas face à des accusations de terrorisme. La justice canadienne s'est suffi, pour le moment, d'accusation de meurtre prémédité. Ce qui a fait sourciller beaucoup d'observateurs. Dans une longue explication jurido-technique, des sources judiciaires ont affirmé à Radio Canada que «des accusations de terrorisme ne sont pas forcément pertinentes puisque le délai quant à son éligibilité pour une libération conditionnelle pourrait aller, théoriquement, jusqu'à 150 ans». L'auteur de l'attentat est présenté par des connaissances comme quelqu'un aux idéaux «très à droite et ultra-nationaliste suprématiste blanc», selon Le Journal de Montréal. Adepte de Marine Le Pen et de Donald Trump ou du groupe identitaire nationaliste québécois G.n.ration nationale. Au Québec, il existerait entre 20 à 25 groupes d'extrême droite, selon le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de Montréal comme La Meute, Atalante Québec ou la Fédération des Québécois de souche. Selon des fuites de son interrogatoire après son arrestation, il a affirmé aux enquêteurs qu'il «craignait et détestait les musulmans» et ne cachait pas «son hostilité envers les membres de la communauté musulmane», selon les sources du journal La Presse. Beaucoup d'observateurs n'ont pas été surpris par cette attaque puisque la rhétorique islamophobe au Québec, et partout en Occident, s'est décomplexée et prend différentes formes. Parfois au nom de la lutte contre l'islamisme radical et parfois pour défendre les thèses identitaires pour des raisons électorales ou idéologiques. Au Québec, deux tendances se télescopent à propos du concept d'islamophobie lui-même. La première la qualifie de concept frauduleux et est promue par la droite identitaire. La seconde est l'apanage des islamistes et des intégristes qui crient à l'islamophobie à toute critique de l'islam. D'ailleurs le drame au Québec est que le Centre de lutte contre l'islamophobie est une émanation de la mouvance intégriste et dirigé par un imam controversé. Ceci finit par donner l'effet inverse. Même si en 2015, l'Assemblée nationale du Québec avait adopté unanimement une motion dénonçant l'islamophobie, les chroniqueurs spécialisés dans l'islam-bashing ont continué leur besogne au quotidien ce qui poussent certains individus influençables à commettre l'irréparable.