En froissant les miniatures pour en faire un nouvel art, il ne s'était pas soucié de choquer le milieu artistique. « La néo miniature (la miniature moderne) est une tendance purement de l'ouest », dit-il fièrement, mais avec humilité. L'ouest algérien s'entend. « Choquer est la meilleure manière de poser des questions », pense-t-il. Ameur Hachemi, plasticien, miniaturiste, photographe et spécialiste en design textile clôture son exposition à la galerie d'art de Maghnia, après l'étalage de son talent à Téhéran, la capitale iranienne. « Après avoir vadrouillé dans plusieurs capitales de l'Europe avec mes miniatures, je suis rentré au bercail et j'ai choisi de boucler la boucle à Maghnia, une ville sympathique aux artistes talentueux. C'est une sorte d'hommage à cette cité. » Détrompez-vous, M. Hachemi n'a aucun lien avec la ville frontalière. Né à Hadjout en 1959, il est actuellement directeur du musée de Mostaganem. « Je puise mes idées dans la richesse des sujets, des matériaux et dans ma connaissance de l'histoire de l'art… » Et de préciser tout de même : « Je me fous éperdument du sujet et de la forme. Je m'exprime, et dans ce mode d'expression qu'est la néo miniature, la liberté d'expression prime ! » Est-il subversif ? « Je suis plutôt fataliste », se défend-il. L'artiste, qui expose une quarantaine d'œuvres à Maghnia, a reçu plusieurs prix et distinctions en Algérie et à l'étranger. Son ami, le journaliste Aziz Mouatz, dira de lui : « Il réussit l'exploit de révolutionner un genre pictural entièrement centré sur les signes en un genre qui investit et mobilise le symbole et la métaphore… » On ne peut dire mieux.