Les autorités marocaines ont continué à réprimer les manifestations pacifiques au Sahara occidental en 2016, et à expulser des journalistes ainsi que des militants étrangers et des défenseurs des droits de l'homme, ou les empêcher de se rendre dans ce territoire, a relevé le dernier rapport annuel d'Amnesty International (AI), publié mardi. Dans son évaluation des droits de l'homme dans le monde en 2016, l'ONG a souligné que les forces marocaines ont engagé des poursuites pénales contre des militants sahraouis qui demandaient l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental ou dénonçaient des atteintes aux droits de l'homme, et soumis ces militants à des «restrictions». Des défenseurs des droits de l'homme ont été interrogés à leur retour de l'étranger par les autorités marocaines qui ont également expulsé du Sahara occidental des journalistes et des militants étrangers, ainsi que des défenseurs des droits humains, ou les ont empêchés de s'y rendre, a soutenu le rapport. AI cite, entre autres, l'expulsion d'une délégation composée d'un juriste belge, d'un juge espagnol et d'avocats français et espagnols qui s'étaient rendus à Rabat pour intervenir en faveur des prisonniers de Gdeim Izik, en avril. Le rapport d'Amnesty relève par ailleurs, que des Sahraouis arrêtés par les forces de sécurité marocaines, pour avoir manifesté pacifiquement, ont été victimes de tortures et de mauvais traitements. Il cite en exemple, Brahim Saika, militant de la Coordination des chômeurs sahraouis à Guelmim, qui a été arrêté alors qu'il quittait son domicile pour participer à une manifestation pacifique réclamant du travail pour les Sahraouis. Inculpé injustement, il a entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements qui lui ont été infligés par la police. Saika est mort peu après à l'hôpital, alors qu'il était en détention. Amnesty relève qu'aucune enquête indépendante n'a été diligentée sur les circonstances de sa mort, alors que ses proches l'avaient demandée, et qu'il avait été enterré contre la volonté de sa famille. D'autres cas de détention arbitraire, suite à des aveux faits sous la torture, ont également été cités. Le rapport dénonce aussi les conditions de détention des Sahraouis, contraires à la dignité humaine, notamment, le manque d'hygiène et d'accès aux soins médicaux, la nourriture insuffisante et l'importante surpopulation. Le rapport d'Amnesty affirme également qu'il est impératif que l'ONU suive de près la situation des droits de l'homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis. Il rappelle, qu'en mars 2016, l'ONU a été contrainte, par les autorités marocaines, de fermer un bureau de liaison militaire de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) et de retirer des membres de son personnel civil. Cette pression marocaine est intervenue après que Ban Ki-moon, alors secrétaire général des Nations unies, «a fait référence à l'occupation du Sahara occidental par le Maroc», a précisé le rapport.