Un premier Salon de la cuniculture a été organisé la semaine passée à la maison de la culture Taos Amrouche par la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya et la Chambre de l'agriculture, en collaboration avec des associations d'éleveurs de lapins, Soummam, de Béjaïa. Le Salon a été une occasion de redécouvrir les vertus de la chair de lapin, les usages de la peau et de la fourrure. C'était aussi une opportunité pour les éleveurs de s'informer sur les aides de l'Etat dans ce domaine auprès des organismes financiers, tels que l'Ansej, la CNAC et l'Angem, ainsi que sur les derniers équipements d'élevage mis en vente et les aliments et autres assistances techniques et scientifiques auprès du centre de recherche agronomique (Inraa) de Oued Ghir, qui était également représenté. Il faut dire que les éleveurs de lapins de la wilaya de Béjaïa ne demandent qu'à valoriser l'activité de la cuniculture, une filière qui n'est qu'au stade «primaire» dans la région, en termes de techniques d'élevage et de production. Seulement quelques boucheries proposent régulièrement à la vente de la viande de lapin dans leur présentoir frigorifique, et cela dénote de la rareté du produit. Pour manger de la viande de lapin, il faudra se la procurer directement chez l'éleveur ou bien se rendre dans les restaurants des hôtels ou ceux des bars. Afin de savoir pourquoi cette activité n'est pas en vogue dans la région, la question a été posée à Oukrid Mohammed, éleveur et président de l'Association des éleveurs de lapins Soummam. «En premier lieu, cela est dû au manque d'organisation de la filière. Nous travaillons d'une façon artisanale, ce qui ne nous permet pas de pénétrer le marché convenablement. Deuxièmement, certains parmi nous abandonnent un an après le lancement de leur investissement, du fait qu'ils n'ont pas assez de connaissances sur les conditions d'hygiène et de prévention contre les maladies qui touchent le lapin», explique-t-il. M. Oukrid se félicite, néanmoins, de la présence de plus en plus de jeunes qui désirent investir ce créneau. Il compte 15 éleveurs dans son association, issus en majorité de Kherrata, Akfadou, Tazmalt et Sid Aïch et «qui résistent et commencent à voir le fruit de leur labeur». Et ce, à l'image de Mohammed, qui a démarré son exploitation avec 16 lapines, grâce à un crédit Angem en 2011. Cette année, il en est à 100 femelles, dont chacune donne deux portées par an. Au bonheur des éleveurs, le président de l'association a indiqué que dans un mois environ, un investisseur privé ouvrira un abattoir dédié aux lapins à Taharacht (Akbou) et récupérera également la peau des animaux. Selon les chiffres de la DSA, il y a un an, la wilaya a enregistré à peine six éleveurs alors qu'ils sont aujourd'hui une quarantaine qui produisent plus de 2400 lapereaux, lapins et lapines. Approché, le directeur des services agricoles de la wilaya, Makhlouf Laïb, est optimiste quant à l'avenir de la filière. «D'ici un an, nous pouvons figurer dans les premières places du classement au niveau national en termes de production de lapins. Mais avant cela, il est nécessaire de sensibiliser la population rurale à s'intéresser à la cuniculture et organiser la filière en coopérative, qui permettra de structurer le marché», insiste-t-il. Et d'argumenter : «Cette activité est facile à développer puisqu'elle n'a pas besoin de gros financements, ni de forage, ni de grande quantité d'eau, ni d'espace… le lapin est prolifique : un couple de lapins vous donne en une année 80 kg de viande, c'est l'équivalent de 4 moutons! En plus, cela créera de l'emploi et pourvoira le marché en viande.»