Elle table sur un nouveau choc pétrolier dans trois ans, en raison de la baisse conséquente des investissements enclenchée depuis deux ans et qui risque de se poursuivre. La chute des investissements dans l'amont pétrolier va ainsi provoquer, selon l'AIE, un rétrécissement de l'offre et une forte hausse des prix dans les années à venir, à moins que de nouveaux projets ne soient bientôt approuvés, selon un rapport de prévisions sur cinq ans, rendu public le 6 mars dernier, par l'Agence internationale de l'énergie. Si pour l'AIE, l'équilibre entre l'offre et la demande se maintiendra durant les trois prochaines années, la croissance de l'offre devrait par contre ralentir considérablement dès 2020, selon le rapport «Oil 2017», une analyse de marché de l'AIE. Celle-ci estime que les tendances de la demande et de l'offre indiquent un marché mondial de pétrole «sous tension» avec une capacité de production tombant à son niveau le plus bas en 14 ans, dès 2022. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, «un pic de la demande de pétrole à court terme se profile. Et à moins que les investissements à l'échelle mondiale ne rebondissent fortement, une nouvelle période de volatilité des prix se profile à l'horizon». Pour l'AIE, l'offre de pétrole va croître au cours des prochaines années aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil et ailleurs, mais cette croissance pourrait décroître d'ici 2020, si l'effondrement record des investissements de 2015 et 2016 n'est pas inversé. «Même si les investissements dans le pétrole de schiste aux Etats-Unis se redressent fortement, les premières indications sur les dépenses mondiales en 2017 ne sont guère encourageantes», souligne l'AIE, qui précise que «les investissements engagés, il y a quelques années, combleront la demande en schiste américain dans l'immédiat, mais l'incertitude est totale pour les années à venir». Plus globalement, prédit l'agence, la demande de pétrole va augmenter au cours des cinq prochaines années, franchissant le seuil symbolique de 100 millions de barils/jour en 2019 et atteignant environ 104 mbj d'ici 2022. La plus grande contribution aux nouveaux approvisionnements proviendra des Etats-Unis, explique l'AIE. L'agence s'attend qu'au sein de l'OPEP, la majeure partie des nouveaux approvisionnements proviendra des principaux producteurs à faible coût du Moyen-Orient, à savoir l'Irak, l'Iran et les Emirats arabes unis, alors que les approvisionnements provenant des pays comme le Nigeria, l'Algérie et le Venezuela vont décliner. La production russe devrait rester stable au cours des cinq prochaines années, ajoute encore l'AIE. Le rapport souligne également que l'Asie devra regarder au-delà du Moyen-Orient pour répondre à ses besoins croissants en matière d'importation. Alors que les pays de l'OPEP axeront sur le renforcement de la capacité nationale de raffinage pour répondre à la demande locale et l'augmentation des exportations de produits raffinés; les exportations supplémentaires de pétrole brut du Brésil et du Canada seront plus élevées que celles du Moyen-Orient, ajoute encore l'AIE.