L'offre mondiale de pétrole, fournie par les pays Opep et non-Opep, pourrait s'essouffler à l'horizon 2020, parce qu'il n'y a pas assez d'investissements actuellement dans le segment de l'exploration. Mais à quoi devrait ressembler l'avenir de l'industrie pétrolière, alors que le marché est complètement désarticulé ? Dans son rapport intitulé "Pétrole 2017", l'Agence internationale de l'énergie (AIE) formule quelques éléments de réponse. Elle estime ainsi que dans leur ensemble, les investisseurs ne s'attendent pas à une hausse prononcée des cours dans un avenir proche, mais que la contraction des dépenses d'investissement ces deux dernières années et la progression de la demande mondiale signifient que le marché pourrait devoir faire face à une "pénurie d'offre" si de nouveaux projets d'extraction de pétrole ne sont pas rapidement validés. Une fatalité ? L'agence semble optimiste, soulignant qu'il n'est pas trop tard pour éviter une pénurie d'offres, à condition que les entreprises commencent sans délai à approuver des travaux de développement. Aujourd'hui, les producteurs pétroliers sont arrivés à rétablir un semblant d'équilibre entre l'offre et la demande. Seulement, il y a risque de voir cet équilibre se rompre, à courte échéance. Dans ce document, l'AIE prévoit un accroissement de la demande pétrolière au cours des cinq prochaines années. Celle-ci va franchir le seuil symbolique des 100 millions barils/jour (mb/j) en 2019 pour atteindre environ 104 millions de barils/jour d'ici à 2022. Sur le terrain des livraisons pétrolières, l'AIE avance que la "plus grande" contribution aux nouveaux approvisionnements proviendra des Etats-Unis, précisant que la production de pétrole léger à faible intensité (LTO) dans ce pays reviendrait "en force et augmenterait de 1,4 million de barils/jour, en 2022, si le prix du baril restait autour de 60 dollars. Les Etats-Unis réagissent plus rapidement que les autres producteurs aux signaux de prix. Si ces derniers grimpent à 80 dollars le baril, la production américaine (de schiste) pourrait reprendre de la vigueur et s'élever à trois millions de barils/jour en cinq ans, écrit l'agence. Une prévision qui pourrait faire trembler les Etats membres de l'Opep et ceux qui n'en sont pas, car un relèvement de la production américaine va conduire à une forte perturbation des marchés et, du coup, à une baisse plus accentuée des cours de l'or noir. Pour les pays de l'Opep, l'AIE indique que la majeure partie des nouveaux approvisionnements proviendra des principaux producteurs à faible coût du Moyen-Orient, à savoir l'Irak, l'Iran et les Emirats arabes unis. Elle relève, cependant, une déplétion volumique (baisse des réserves) au Nigeria, en Algérie et au Venezuela. Elle prévoit, par ailleurs, une stabilité de la production russe au cours des cinq prochaines années. Youcef Salami