Inquiète des prévisions annonçant une hausse de la demande mondiale sur le pétrole, à l'horizon 2020, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé, hier, à la reprise des investissements mondiaux dans le secteur pétrolier, afin que la production, pourtant abondante aux Etats-Unis, puisse suffisamment progresser pour répondre à la demande après 2020. «Comme nous l'avons souligné de manière répétée, la faiblesse des investissements mondiaux reste une source d'inquiétude», a indiqué Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, ajoutant qu'il «faudra plus d'investissements pour compenser les champs pétroliers en déclin». Se voulant plus précis, le même responsable a affirmé que le marché pétrolier mondial «doit remplacer 3 millions de barils par jour chaque année, l'équivalent de la mer du Nord – tout en faisant face à la croissance robuste de la demande», révélant par la même occasion que «les investissements se sont élevés à 440 milliards de dollars, au niveau mondial, en 2017». Dans son rapport annuel pour l'année 2017, l'AIE avait indiqué que la demande tirée par la Chine devrait augmenter de 6,9 millions de barils par jour, d'ici 2023, pour s'établir à 104,7 millions de barils journaliers. Quant aux capacités de production mondiale, celles-ci devraient progresser, selon les estimations des experts, de 6,4 millions de barils par jour pour atteindre 107 millions de barils quotidiens en 2023. La production mondiale serait notamment portée par les Etats-Unis, qui devraient concentrer, d'ici à 2023, la moitié de la croissance des capacités de production en brut. Le schiste devrait représenter quasiment les deux tiers de la production américaine à l'horizon 2023. «La hausse de la production américaine de brut devrait couvrir, à elle seule, 80% de la croissance mondiale de la demande au cours des trois prochaines années. La progression de l'offre du Canada, du Brésil et de la Norvège étant en mesure de couvrir le reste», souligne l'AIE. C'est la raison pour laquelle l'Agence prévoit une nouvelle ère d'incertitudes après 2020, en soulignant que la période actuelle est marquée par l'afflux de pétrole brut venant du schiste américain et par une stabilisation des prix. Cependant, les experts de l'Agence internationale de l'énergie envisagent un ralentissement global après 2020. «Au-delà du besoin de nouveaux investissements dans le secteur, la diversification des sources d'énergie, notamment de la part de la Chine, serait l'une des causes de ce ralentissement de la demande de pétrole après 2020», prévoit l'AIE qui table sur une croissance de la demande de 1,1% en moyenne par an, entre 2018 et 2023. Côté Opep, l'AIE juge que la quasi-totalité de la croissance de la production du cartel proviendra du Moyen-Orient. Au Venezuela, la production de pétrole a chuté de plus de la moitié au cours des 20 dernières années et la baisse devrait s'accélérer. La situation au Venezuela compensera les gains en Irak, résultant en une croissance de la capacité de production de brut de l'OPEP de seulement 750 000 barils par jour d'ici 2023. Notons enfin que l'Opep devait se réunir, hier à Huston, avec les producteurs américains de schiste. Cette réunion s'inscrit dans le cadre de la stratégie de l'Opep de coordonner avec les producteurs non Opep en vue de rééquilibrer le marché du brut.