Les participants à cette rencontre, organisée par le laboratoire Aménagement et langue amazighes, la faculté des lettres et langues et le département de langue et culture amazighes de l'université Mouloud Mammeri (UMMTO), ont mis en exergue, à travers des analyses et approches diversifiées, des éléments de recherche susceptibles de mener vers un regard scientifique croisé sur la poésie de Lounis Aït Menguellet. Il s'agit, en effet, d'un colloque qui a regroupé des conférenciers qui ont mis l'accent, entre autres, sur le volet analyse du discours poétique, traduction et anthropologie. Ainsi, Thiziri Bachir, de l'université d'Alger 1, a mis en relief, dans sa communication, des éléments ayant trait à la complexité de la traduction de la poésie du chantre en question. Selon elle, «la poésie d'Aït Menguellet est particulière». «L'œuvre légendaire de Lounis comporte plus 104 poèmes, tous porteurs d'un verbe magique, d'où son nom Aheddad N'wawal. Il est l'aiguiseur d'un verbe qui tantôt chante un amour profond sous toutes ses formes, tantôt une Algérie sanglotant ses enfants et une identité qui lui a été confisquée au même titre que tous les fils autochtones de cette Numidie. A la lumière de son œuvre, nous espérons lever le voile sur cette question qui fait diverger les opinions ; traductibilité ou intraductibilité d'un texte qui ne constitue pas uniquement une structure de segments, mais une pensée, plurielle ou individuelle soit-elle, une philosophie de vie, des particularités propres à un groupe d'individus, notamment quand l'auteur est l'enfant d'une Kabylie ayant enfanté des Cheikh Mohand Ou l'Hocine, des Cheikh Mohand Ou M'hand à la poésie ancestrale et séculaire», a expliqué la même intervenante. Aïni Bettouche et Zohra Ibri de l'université de Tizi Ouzou ont abordé un autre volet lié à la sémiotisation et la narrativisation de asefru (poème) dans trois chansons de Lounis, à avoir Tawridt tachebhant, Isefra, Isefranniden. «Les trois textes développent un programme narratif consistant en la tentative de produire de la poésie, de dire l'être sensible et son affect. Or, cette tentative de narrativisation est entravée par des facteurs exogènes et endogènes disjoignant le poète de sa quête», ont-elles relevé. Mohand Akli Salhi et Ourdia Bourai ont présenté une étude comparative entre la chanson Ammi d'Aït Menguellet et le Prince de Nicolas Machiavel. D'autres participants ont évoqué les figures de style, les écarts stylistiques dans la traduction de l'œuvre de Lounis ainsi que la place des collocations lexicales dans la construction de la cohésion sémantique dans les textes de l'artiste présentés respectivement par M'hand Amoudene et Habib Hammi de l'université de Béjaïa ainsi que Ramdane Boukhrouf de l'UMMTO. Par ailleurs, notons que plusieurs personnalités du monde culturel et responsables d'institutions ont assisté aux travaux de ce colloque. L'auteur-compositeur Kamel Hamadi nous a déclaré que «cette manifestation scientifique revêt un cachet particulier, car il s'agit d'une rencontre autour de la poésie d'un artiste qui beaucoup donné à notre culture». Si Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, nous dira que ce genre d'activités permettra de valoriser les œuvres de nos artistes. «Aït Menguellet mérite amplement cet hommage», a-t-il ajouté. Lounis nous a souligné, en marge des travaux du colloque, l'importance cette rencontre pour «notre culture qui a besoin de telles initiatives». «Que nos élites intellectuelles fassent avancer de cette façon notre culture», nous a-t-il déclaré. Enfin, rappelons la décision de proposer Lounis Aït Menguellet pour le doctorat honoris causa à l'occasion de la réunion du conseil scientifique de l'université de Tizi Ouzou, comme l'a annoncé le professeur Ahmed Tessa, recteur de l'UMMTO.