Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a confirmé la thèse de l'attentat dans l'explosion qui s'est produite, le 21 juin, à proximité du mur d'enceinte de la centrale électrique d'El Hamma, lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf, à Alger, à l'occasion du 42e anniversaire de la création du corps de la police. Tout en se refusant à donner des détails sur l'identité des auteurs de l'attentat pour « des motifs de sécurité », M. Tounsi a reconnu, néanmoins, qu'il s'agissait bien de l'œuvre d'un groupe terroriste. De nombreuses sources ont, rappelle-t-on, imputé l'attentat à la voiture piégée contre la centrale électrique d'El Hamma à une cellule du GSPC. Ces mêmes sources ont parlé également de l'élimination à Chéraga, sur les hauteurs d'Alger, de deux des six membres composant la cellule du GSPC à l'origine de l'attentat perpétré à El Hamma. Non démenties officiellement, ces informations ont suscité la réprobation du chef de la police. La cause ? Expliquant qu'elles sont encore du domaine du secret, il a ajouté que la diffusion de ces informations aurait pu faire capoter les investigations lancées par ses services dans le cadre de cet attentat. L'attentat contre la centrale électrique d'El Hamma n'a fait aucune victime et n'a occasionné que des dommages mineurs. A une question en rapport, justement, avec la donne sécuritaire au niveau de la capitale et à propos de l'infiltration des éléments du GSPC à Alger, M. Tounsi a répondu qu' « il y a toujours une menace » malgré, a-t-il dit, la victoire remportée sur le terrorisme et l'amélioration significative de la situation sécuritaire. Insistant sur l'idée que le risque zéro n'existe pas, le directeur de la Sûreté nationale a indiqué que ses services, pour parer à toute éventualité, ont donné ordre, le mois de juin dernier, à 600 éléments des BMPJ de faire mouvement sur la capitale pour renforcer son dispositif de sécurité. Qu'en est-il de la situation sécuritaire au niveau du territoire national ? M. Tounsi a tenu à dire que celle-ci s'est considérablement améliorée. Pour preuve, il soulignera que de nombreuses wilayas, à l'image de Aïn Témouchent, Djelfa, et Tlemcen, n'ont pas connu d'attentats terroristes durant ces quatre dernières années. Outre les efforts des services de sécurité, les succès remportés sur le terrorisme sont dus, a-t-il dit, grâce aux informations fournies par les citoyens. Aux yeux de M. Tounsi, l'aide apportée par les citoyens aux forces de sécurité est une preuve du renouvellement du regard porté par la société sur la police et de la réussite des réformes structurelles apportées à ce corps de sécurité, perçu par le passé comme une force au service de la répression. Pour M. Tounsi, la confiance qui s'est tissée entre le citoyen et les policiers et le nombre sans cesse décroissant de plaintes déposées contre ses services attestent aussi que « la police a réussi sa révolution interne et qu'elle est au service exclusif du citoyen qui est la base de la sécurité ». Et au titre des réformes engagées pour moderniser les services de la police, il a signalé, entre autres, une profonde réadaptation des formations basées sur le respect des droits du citoyen, la réorganisation du corps sur le terrain, la création de la police de proximité, l'intensification du travail de contrôle du travail des policiers et l'adoption d'un nouveau système de sanctions. Au chapitre des difficultés rencontrées par ses services sur le terrain, M. Tounsi, se voulant franc, a critiqué le manque de civisme de certains citoyens. Les moyens de la police Les effectifs de la police, aujourd'hui évalués à 122 000 éléments (dont 3500 femmes), suffisent-ils pour assurer la sécurité des citoyens ? M. Tounsi a répondu par l'affirmative. Même si la moyenne de l'Algérie, qui est d'un policier pour 300 habitants, est inférieure, par exemple, à celle du Maroc (1 pour 106), il indiquera que ce n'est pas le nombre qui compte, mais la qualité de la formation et les moyens mis à la disposition de la police. A l'exception de revendiquer l'institution d'une Académie de la police, M. Tounsi s'est déclaré satisfait « des moyens ultra-modernes » dont dispose la police algérienne. A ce propos, il a indiqué que l'institution de la police scientifique a contribué à changer la mentalité et les habitudes de la police. Il indiquera que les 36 crimes de sang commis à Alger en 2003 ont tous été élucidés grâce au concours de la police scientifique. Fort de ces statistiques, il a ajouté que la police d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec « les interrogatoires musclés en usage par le passé ». Il a également démenti l'existence de la pratique de la torture dans les commissariats. Au plan de la criminalité, M. Tounsi, plus que le terrorisme, s'est surtout montré inquiet de l'évolution vertigineuse du crime organisé (drogue, immigration clandestine et prostitution) et du « chaos de la falsification et du faux ». Aussi a-t-il souhaité « l'instauration urgente de la nouvelle carte d'identité infalsifiable ». Il est souligné que la moyenne des crimes par habitant est de 414 pour 100 000 habitants. A propos de l'affaire Khalifa, M. Tounsi a déclaré que l'extradition, de Londres, de Abdelmoumen Khalifa pose problème dans la mesure où l'Algérie et le Royaume-Uni n'ont pas signé de convention judiciaire. Invité à se prononcer sur la revendication de certains policiers portant sur la création d'un syndicat de la Sûreté nationale, M. Tounsi s'est montré totalement opposé à ce projet. « Tant que je serai là, a-t-il dit, ils peuvent attendre ». Il a expliqué son refus en disant qu'il est le premier à se soucier des intérêts socioprofessionnels des policiers qui, selon lui, ont de nombreux avantages (logements, primes, etc.) et qu'il œuvre actuellement pour leur arracher d'autres acquis sociaux.