A travers André Breton, une découverte de ce mouvement culturel qui a marqué les temps modernes. Particulièrement brillant, ce poète, écrivain et essayiste est considéré comme le père du mouvement surréaliste qui, entre les deux guerres mondiales, bouleversa le monde culturel en touchant aussi bien la littérature que les arts. Né en 1886 dans une famille moyenne, il grandit dans la banlieue parisienne. Il se passionne très tôt pour la philosophie et la littérature et commence à publier ses poèmes au lycée. Il rencontre le grand poète Paul Valéry et commence à fréquenter les milieux artistiques et intellectuels. Durant la Première guerre mondiale, il est mobilisé et découvre l'horreur de la guerre. Du front, il est affecté dans un hôpital où il découvre la psychanalyse à travers un livre de Freud. Démobilisé, il poursuit son internat de médecine et c'est encore dans un hôpital qu'il rencontre Louis Aragon. Ils passent leurs gardes à lire des poèmes. Avec Aragon et Soupaut, il fonde en 1919, la revue Littérature, influencée par le mouvement Dada, né en Allemagne. Ce trio constitue le noyau du futur mouvement. Ils expérimentent « l'écriture automatique », des textes écrits rapidement, sans préparation ni projet, avec pour but d'exprimer l'inconscient. Breton prend ses distances avec le mouvement Dada. Il devient conseiller d'un grand couturier, Jacques Doucet, amateur d'art et de lettres. Breton lui fait acheter un tableau qui marquera l'art moderne, Les Demoiselles d'Avignon de Picasso ! En 1921, il se rend à Vienne où Freud l'accueille avec froideur. En 1924, il rédige le Manifeste du surréalisme. Le groupe se constitue autour de lui avec Aragon et Paul Eluard notamment. Très vite, ils se radicalisent et lancent des actions d'éclat dont, notamment, une dénonciation de la guerre dans le Rif marocain. C'est la première manifestation anti-colonialisme d'intellectuels français. André Breton gardera toujours, à ce propos, une position nette ainsi qu'un grand intérêt pour les cultures des peuples opprimés. C'est lui d'ailleurs qui rédigera le catalogue de l'exposition de la jeune peintre algérienne, Baya Mahieddine, en 1947 à Paris. En 1929, il rédige un deuxième Manifeste du surréalisme. Il rêve de concilier le marxisme avec le freudisme comme le proclame le slogan du mouvement : « Transformer le monde a dit Marx et changer la vie a dit Rimbaud ». Mais il se heurte au dirigisme du parti communiste. Il est mobilisé pour la seconde guerre mondiale, puis voyage après la débâcle française. Après la libération, il se met à mal avec ses anciens compagnons, avec le parti communiste, avec Sartre, Camus, etc. Il semble être comme un homme seul contre tous, mais continue son écriture et son action. Le 27 décembre 1966, il meurt à Paris d'une insuffisance respiratoire. Il avait signé, en 1960, le Manifeste des 121 qui dénonçait la répression coloniale en Algérie et affirmait le droit des Français à l'insoumission dans la guerre. Que pour cela déjà, découvrir son œuvre est un hommage à son engagement et son talent. Centre culturel français d'Alger. Jusqu'au 31 mars 2010. De 10h à 18h.