Les syndicats grévistes du personnel de l'éducation convoquent des assemblées extraordinaires afin de statuer concernant la poursuite de la grève ou son arrêt. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) décidera aujourd'hui, à l'issue de son conseil national, des suites à donner au débrayage et aux différentes pressions subies de toutes parts. Durant cette réunion, qui regroupera près de 180 représentants des 48 wilayas, il sera débattu des résultats obtenus par les conseils régionaux, qui ont eu lieu dans la journée d'hier. « Nous n'avons aucune donnée pour ce qui va être décidé durant ce conseil national », affirme Messaoud Amraoui, chargé de la communication au sein de l'Unpef. Quant au Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement du secondaire et technique (Cnapest), une réunion du bureau national s'est déroulée hier. Après discussion, nous avons lancé un appel pour la tenue d'une assemblée générale dimanche matin, puis d'assemblées de wilaya dimanche soir », assure Larbi Nouar, coordinateur national du Cnapest. Ces rencontres seront sanctionnées par le conseil national dans la journée de lundi et qui décidera définitivement de l'attitude à adopter. Et selon toute vraisemblance, le dénouement du conflit est des plus incertains, tant les avis de la base des deux syndicats sont des plus mitigés. « Certains tentent de calmer les choses et lancent des appels à la raison, tandis que d'autres se radicalisent dans leur position suite à la réaction hostile de la tutelle », explique Larbi Nouar. Mais une chose est sûre : les dernières sorties médiatiques du ministre Benbouzid ne sauraient impressionner les grévistes. « Nous avons pris l'habitude de ce type d'ultimatum et de chantage. Mais lorsque le ministre de l'Education nationale en personne brandit ces menaces de radiation, ça ne fait que motiver davantage les grévistes et les conforter dans la justesse de leurs revendications et de leur mouvement », explique-t-il. De même, Larbi Nouar du Cnapest estime que « les menaces ne sont pas des solutions et elles ne font que compliquer plus la situation ». « Ils veulent nous radier. Mais ils auront beau remplacer les grévistes par de nouveaux enseignants, ces derniers finiront par avoir les mêmes revendications que nous », fait remarquer le coordinateur du Cnapest. Pour rappel, le ministère de l'Education nationale a annoncé, dans un communiqué rendu public mercredi dernier, avoir instruit l'ensemble des chefs d'établissement scolaire de lancer « dès dimanche prochain », la mise en œuvre de procédures réglementaires en vigueur en matière de relation du travail. En plus du retrait automatique sur le salaire et sur la prime de rendement de toutes les journées non travaillées, ces procédures consisteront en « la constatation de l'abandon de poste pour toute absence enregistrée dès demain, délai de rigueur », et « la mise en œuvre de la radiation des effectifs de la Fonction publique, conformément à la réglementation en vigueur », est-il mentionné dans le document. De même, il est affirmé que les directeurs de l'éducation de wilaya sont également instruits de « prospecter parmi les demandes d'emploi en leur possession, en vue de suppléer aux postes vacants, et ce, de concert avec les services de la Fonction publique instruits pour leur part par le gouvernement ». En réponse à ces déclarations, l'Unpef, dans un communiqué rendu public jeudi, exhorte ses adhérents à ne pas se laisser intimider par les menaces et autres propos du ministère de tutelle et autres parties. « Ces propos sont contraires à la loi algérienne, qui garantit le droit à la grève sous conditions, conditions que nous avons respectées », rappelle Mohamed Amraoui. L'ensemble de ces mesures vient compléter le jugement rendu lundi dernier par la chambre administrative du tribunal d'Alger et qui ordonne la reprise immédiate des cours. Toutefois, les deux syndicats grévistes assurent toujours ne pas avoir reçu de notification de la justice. Et de ce fait, de ne pas être tenus par une quelconque décision ou obligation. « Il est évident que le jour où nous recevrons cet ordre de la justice, nous serons tenus de l'appliquer, puisque les tribunaux reflètent l'opinion du peuple algérien », assure Larbi Nouar.