La compagnie nationale de pétrole du Nigeria, la Nigerian National Petrolum Corporation, serait menacée de faillite, selon des déclarations du ministre nigérian du Pétrole, Rilwanu Lukman. Les mêmes propos rapportés par plusieurs médias locaux ont aussi été tenus par le premier responsable de la compagnie, le directeur général de la NNPC, Mohammed Barkindo. Les deux responsables, qui s'exprimaient devant les cadres supérieurs de la compagnie, vendredi dernier, ont énuméré les causes de cette situation catastrophique que vit la compagnie. Elle cumule jusqu'à présent près de 2,5 milliards de dollars en pertes et en passif. Parmi les principales causes de cette situation figurent les dépenses d'importation des produits pétroliers pour répondre à la demande nationale de carburant, entre autres. Les raffineries de la NNPC ne suffisent pas pour subvenir à la demande nationale. A titre d'exemple, la NNPC aurait dépensé près de 5,3 milliards de dollars pour l'importation du fuel durant l'année 2009. Pour le ministre nigérian du Pétrole, Rilwanu Lukman, la compagnie cessera d'exister si cette tendance n'est pas inversée. L e constat du directeur général est aussi pessimiste puisque, selon Mohammed Barkindo, la compagnie est insolvable avec un passif de plus de 2 milliards de dollars. D'autres causes sont citées par le directeur général de la NNPC pour expliquer la situation actuelle. Il s'agit du vandalisme, du ravitaillement illégal et du vol des canalisations. Ces actes ont beaucoup affecté la production de pétrole du Nigeria, selon le DG de la NNPC qui a estimé à 16 083 le nombre d'atteintes aux canalisations pour voler du pétrole durant les dix dernières années. Le gouvernement actuel du Nigeria envisage de réformer l'industrie du pétrole. Le ministre du Pétrole nigérian a indiqué que les dix-huit prochains mois seront la période la plus difficile pour la compagnie et pour l'industrie du pétrole au Nigeria. Le pétrole représente 95% des recettes d'exportation et 80% du revenu national. Au niveau de l'Opep, le Nigeria se classe à la 5e place en production et à la 10e au niveau mondial. Ses capacités de production sont de 2,5 millions de barils par jour. Toutefois, sa production de pétrole est descendue à environ 1,7 million de barils par jour à cause des actions de sabotage menées par le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, un mouvement qui revendique une part du pétrole produit par le Nigeria. La facture des subventions de l'essence importé et des produits pétroliers pèse lourd sur le budget du gouvernement qui a dépensé en 2008 3,4 milliards de dollars. Actuellement, les autorités peinent à faire passer un projet de réformes pour libéraliser le secteur et privatiser les raffineries pour éviter l'étranglement. Dans cette réforme, la NNPC doit devenir une compagnie compétitive. Le projet de réforme prévoit aussi de réguler les relations entre les multinationales et le Nigeria. Pour l'instant, les compagnies pétrolières internationales ont critiqué le contenu du projet de réforme en matière de fiscalité. La situation délicate que vit la NNPC ne devrait pas laisser indifférente Sonatrach qui est en partenariat avec elle dans le projet de gazoduc qui doit relier le Nigeria à l'Europe à travers l'Algérie (Trans Saharan Gas Pipeline). La situation financière de la NNPC pourrait retarder le projet qui devrait en principe démarrer en 2015-2017.