La légitimité de Goodluck Jonathan est remise en cause. Le People Democratic Party, le parti au pouvoir au Nigeria, réunira cette semaine ses hauts dirigeants, dont les puissants gouverneurs des 36 Etats et ses chefs historiques, dont l'ancien président Olusegun Obasanjo. Au menu de cette réunion présentée comme cruciale pour l'avenir du pays qui vit une crise politique et une montée des violences interethniques : des discussions sur l'organisation des élections générales prévues en avril 2001 et la formation du nouveau gouvernement après la dissolution de l'ancien exécutif par le président par intérim, Goodluck Jonathan le 17 mars courant pour « incapacité à asseoir son autorité ». Selon la constitution du pays le plus peuplé d'Afrique, la formation d'un gouvernement peut prendre plusieurs semaines et chacun des 36 Etats doit compter au moins un ressortissant à la tête d'un ministère, selon la Constitution. Goodluck Jonathan qui a été chargé le 9 février par le Parlement de remplacer le président Umaru Yar'Adua, qui était hospitalisé à l'étranger, réussira-t-il à former un cabinet qui pourrait faire face aux tensions religieuses et ethniques qui ensanglantent depuis plusieurs semaines l'Etat du Plateau (centre) et aux attentats à la bombe du Mouvement d'émancipation du delta du Niger (Mend) et le Joint Revolutionary Council (JRC) deux groupes rebelles qui opèrent dans le sud pétrolifère ou des autres groupes armés qui ont refusé comme le Mend l'amnistie que leur a offert, il y a six mois, Umaru Yar'Adua en échange de leur démobilisation ? En attendant le pays vacille et la légitimité de Goodluck Jonathan est remise en cause. En lui cédant les rênes du pays, le pouvoir est passé d'un musulman (Yar'Adua) à un chrétien. Selon une règle non écrite, le prochain président sera du nord. Deux noms sont évoqués par la presse nigériane : le General Aliyu Mohammed, le nouveau patron de la «National Security» et le docteur Rilwanu Lukman, l'actuel ministre du pétrole et l'ancien secrétaire général de l'OPEP. Certains prêtent même à la première dame, Turaï Yar Adua des intentions de manigancer un coup d'Etat.