Forcing de Benbouzid : les récalcitrants seront remplacés par de nouveaux enseignants et les syndicats grévistes seront poursuivis en justice Les pressions exercées par le gouvernement et le ministère de l'Education nationale sur les enseignants et leurs syndicats portent en partie leurs « fruits ». L'Unpef, un des deux syndicats initiateurs de la grève entamée le 24 février dernier, décide de mettre fin à son action. « Nous avons décidé d'arrêter la grève en application de la décision de justice prononcée au nom du peuple algérien », affirme Messaoud Amraoui, chargé de communication de l'Unpef. C'est la première décision du conseil national du syndicat, dont la réunion se poursuit encore au moment où nous mettons sous presse. « Le conseil national a tranché en faveur de la reprise du travail. Mais, nous n'avons pas encore décidé si cette reprise interviendra demain (aujourd'hui) ou après-demain. En tout cas, nous avons adressé un fax aux bureaux de wilaya de notre syndicat pour informer les responsables locaux de la décision prise par le conseil national », explique-t-il. Messaoud Amraoui estime, toutefois, que la suspension du débrayage « n'a aucun rapport avec les menaces prononcées à l'encontre des grévistes par le ministère de l'Education ». « Nous n'avons pas pris en considération les menaces des pouvoirs publics. Notre décision a été prise après un débat général au cours duquel tous les membres du conseil national ont donné leur avis », ajoute-t-il. L'année scolaire 2009-2010 est-elle sauvée ? Si pour les élèves du primaire et du moyen le risque d'une année blanche n'existe plus, ceux du secondaire doivent encore attendre. Le deuxième syndicat gréviste, le Cnapest (organisation dont les adhérents sont tous des profs de lycée) ne s'est pas encore prononcé sur la question du maintien ou non de la grève. Le Cnapest, souligne son secrétaire général, Nouar Larbi, devra trancher la question demain. « Nous allons réunir notre conseil national lundi. C'est la seule instance du syndicat qui puisse se prononcer sur le sujet. Je suis le dernier à connaître sa décision et le premier à l'annoncer », déclare-t-il. Cependant, les enseignants affiliés au Cnapest ne semblent pas près de reprendre le chemin des écoles. « Selon les échos qui me sont parvenus de certaines wilayas, les enseignants sont déterminés à poursuivre le débrayage », soutient-il. Nouar Larbi se moque également des menaces proférées à l'encontre des grévistes par leur tutelle. « Les sanctions ne règlent jamais le problème. S'ils (les pouvoirs publics) décident de remplacer 400 000 enseignants grévistes, ils auront 400 000 nouveaux chômeurs qu'ils devront embaucher », lance-t-il. Notre interlocuteur souligne également l'illégalité de la radiation des enseignants grévistes. « La loi 90-02 régissant les relations de travail ne parle pas de rupture de contrat. Elle prévoit seulement le gel de la relation du travail », rappelle-t-il. S'exprimant sur la décision d'entamer la procédure de radiation des grévistes, prise hier après-midi, par le ministère, le Cnapest ne cache pas son indignation. « C'est un grave dépassement et c'est malheureux ! Tout le gouvernement se solidarise pour piétiner la Constitution en bafouant un droit constitutionnel des travailleurs », déplore Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest. Affirmant que le gouvernement veut, à travers son geste, pousser la situation au pourrissement, il appelle à une intervention du président de la République afin de mettre un terme à la violation des lois du pays.