Il s'agit du deuxième tir nord-coréen en 15 jours, et du premier depuis la prestation de serment, mercredi à Séoul, de J.I. Moon, qui a dénoncé une «provocation irresponsable», quand Donald Trump lui a demandé un durcissement des sanctions contre le Nord. Lancé de la base militaire nord-coréenne de Kusong, dans la province du Nord-Pyongan, le projectile a parcouru environ 700 km avant de s'abîmer en mer du Japon, selon l'état-major interarmes sud-coréen. Le commandement américain du Pacifique a estimé de son côté qu'il ne s'agissait vraisemblablement pas d'un missile intercontinental. «Que cette nouvelle provocation soit un appel à toutes les nations pour mettre en œuvre des sanctions bien plus fortes contre la Corée du Nord», a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué. Après une réunion d'urgence avec ses conseillers à la Sécurité nationale, le président Moon a affirmé que son gouvernement condamnait fortement ce «défi grave à la paix et la sécurité sur la péninsule coréenne et à la communauté internationale», a déclaré son porte-parole Yoon Young-Chan. Contrairement à son prédécesseur Park Geun-Hye, M. Moon défend l'idée d'un dialogue avec le Nord pour apaiser une situation particulièrement tendue sur la péninsule. Mais il a averti hier qu'un tel dialogue serait possible «seulement si le Nord change d'attitude». Lors de sa prestation de serment, le nouveau Président, issu du Parti démocratique (centre-gauche), qui a été la cheville ouvrière du dernier sommet intercoréen en 2007, s'était dit prêt à se rendre «à Pyongyang si les conditions étaient réunies». La situation s'est crispée sur la péninsule en raison de l'accélération des programmes balistique et nucléaire nord-coréens. Le chaud et le froid La Corée du Nord, qui cherche ouvertement à développer des missiles intercontinentaux susceptibles de porter le feu nucléaire sur le sol américain, a réalisé cinq essais nucléaires, dont deux depuis le début 2016. Dans ce laps de temps, elle a aussi effectué des dizaines de tirs de missiles. Les choses se sont envenimées ces derniers mois, à mesure que Pyongyang a surenchéri verbalement aux déclarations belliqueuses de l'administration Trump, qui s'est dit prête à régler seule, si besoin par la force, le problème nord-coréen. Les choses ont cependant paru s'apaiser récemment, Donald Trump déclarant même qu'il serait «honoré» de rencontrer le leader nord-coréen Kim Jong-Un. Samedi, c'est Pyongyang qui a évoqué une possible ouverture, par la voix de la cheffe du département Amérique du Nord au ministère nord-coréen des Affaires étrangères, Choe Son-Hui. Elle a déclaré de Pékin, où elle faisait escale avant de repartir pour Pyongyang, que son pays pourrait «avoir un dialogue, si les conditions s'y prêtent», avec le gouvernement du président américain Donald Trump, selon l'agence sud-coréenne Yonhap. Mme Choe venait d'Oslo où elle a rencontré des universitaires et d'anciens responsables américains, comme Thomas Pickering, ex-représentant des Etats-Unis aux Nations unies, et Robert Einhorn, ancien conseiller spécial au département d'Etat pour la non-prolifération et le contrôle des armements, a précisé l'agence. Il s'agit du premier tir de missile nord-coréen depuis que le bouclier antimissile américain Thaad, installé en Corée du Sud, a été déclaré opérationnel le 2 mai. Son déploiement avait suscité la colère de la Chine, principal allié de Pyongyang, qui y voit une atteinte à ses propres capacités militaires. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a qualifié hier le tir de «totalement inacceptable», parlant d'une «grave menace» pour Tokyo. «Nous protestons fermement contre ce tir de la Corée du Nord», a-t-il insisté. Selon le chef de cabinet du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, le missile tiré par l'armée nord-coréenne a volé environ 30 minutes avant de s'abîmer dans les eaux de la mer du Japon, entre le Japon et la péninsule coréenne. De son côté, la Chine, son voisin nord-coréen, a appelé à la retenue. «La Chine s'oppose aux violations par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité», a fait savoir le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. «Toutes les parties en présence doivent faire preuve de retenue et s'abstenir d'accroître la tension dans la région.» Washington compte sur Pékin pour convaincre son petit voisin. La Chine applique les sanctions internationales contre la Corée du Nord et a récemment annoncé la fin de ses achats de charbon à ce pays. Mais Pékin met en garde contre tout recours à la force et redoute le chaos à sa frontière que pourrait entraîner un conflit dans la péninsule.