En désespoir de cause, certains accablent l'Afrique jusqu'à affirmer qu'ils n'en attendent plus rien. Guerres, coups d'Etat, corruption, pillage, piraterie, fléaux, maladies constituent l'actualité africaine. Une tendance vraiment forte, pour en constituer l'essentiel, mais pas tout. Car l'inverse, et même s'il ne constitue qu'une part infime de cette même actualité, existe. Comme le retour des réfugiés. Et cela ne peut être possible que grâce au silence des armes, ou encore, la fin de certains conflits. Et celui du sud du Soudan n'en est pas des moindres pour avoir causé des centaines de milliers de morts depuis 1983, mais aussi la dislocation de tribus entières considérées parmi les plus grandes en Afrique, et l'exode de populations entières. Par millions, parties grossir l'effectif déjà considérable des réfugiés en Afrique.Mais il est heureux, cette fois, de parler de flux inverse, puisque plus de deux millions de personnes déplacées dans le sud du Soudan en raison de la guerre avec l'autorité centrale ont regagné leurs régions, mêmes dévastées depuis la signature de l'accord de paix global (CPA) en janvier 2005. Parce qu'elle est rare sinon inédite, c'est certainement la plus importante information donnée ces dernières années par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), elle qui en était à revoir constamment à la hausse l'effectif des réfugiés. Encore que, apprend-on de même source, le chiffre en question aurait pu être plus important, si une telle migration vers le pays d'origine n'avait pas été contrariée par des problèmes de logistique, car déjà sur le terrain, 4,3 millions de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire en 2009. Un problème en moins, même si le règlement n'en est qu'à ses débuts et que le processus de paix au Soudan a besoin d'être consolidé. Ailleurs en Afrique, c'est le statu quo, sinon une grave détérioration de la situation des millions de réfugiés, privés de cette fameuse logistique sans laquelle il y a danger de mort. Et le cas se pose pour la République démocratique du Congo (RDC), l'ancien Zaïre, théâtre de multiples conflits, soit autant de lieux où la population n'est plus en sécurité. Elle est même rackettée, fait l'objet de toutes les agressions. C'est pour y faire face que l'ONU demande 59 millions de dollars, une somme que l'on jugerait dérisoire au regard de ce que coûtent les guerres. La même source indique que les réfugiés se sont installés dans plus de 100 sites, et que « dans la plupart des zones, les réfugiés surpassent largement en nombre la population locale, selon un ratio moyen de un pour cinq ». Même la situation des humanitaires devient périlleuse, subissant eux aussi de nombreuses agressions. Et dans une moindre mesure, ils ne savent plus qui est qui. « Cela complique le mouvement des humanitaires parce qu'on ne sait pas à qui on peut faire confiance », indique l'un d'entre eux. Ce n'est donc plus une vocation, mais une aventure, encore que ceux qui l'acceptent peuvent la refuser, contrairement à ceux qui les attendent. Ces millions d'êtres humains déplacés souvent loin de chez eux pour des considérations qui leur échappent. Là est l'un des grands maux de l'Afrique.