Le principe du marché de la solidarité de l'avenue Zaâmouche, organisé par les autorités locales au profit des simples citoyens de la ville semble être détourné de sa vocation par certaines personnes soucieuses avant tout de faire le maximum de gains, et qui ont profité de l'arrivée du mois de Ramadhan pour s'accaparer un lieu stratégique et gratuitement, grâce aux facilités accordées par la wilaya. Rappelons que cette manifestation commerciale a été lancée, depuis le début du Ramadhan, par la direction du commerce en collaboration avec l'UGTA et l'Ugcaa sous l'égide du wali de Constantine, dans le but de lutter contre toutes sortes de spéculations qui se manifestent chaque fois à l'occasion de ce mois. L'objectif principal était de permettre aux consommateurs de s'approvisionner en produits alimentaires de première nécessité à des prix raisonnables. Partant de ce principe, les autorités ont installé un grand chapiteau au niveau de l'avenue Zaâmouche, à proximité de la station des bus, avec le slogan «Consommons 100 % algérien» à l'entrée des lieux. Hélas, quelques jours après son ouverture, ce marché a été transformé en une foire où l'on vend des effets vestimentaires 100% chinois, des produits cosmétiques syriens à base de plantes, de la vaisselle en toc, du meuble et d'autres produits dont la qualité laisse à désirer, sans aucune réduction de prix. On se demande où sont les produits algériens pour lesquels on a installé tout ce marché ? Pour ce qui est des produits alimentaires, on notera l'absence d'étals pour la vente des fruits et légumes sur place. Seulement 11 tentes ont été consacrées à quelques denrées, notamment l'huile, la farine, la viande et les œufs, mais dans des conditions d'hygiène déplorables. La surprise réservée aux visiteurs est à découvrir au niveau de l'entrée, car pour un marché parrainé par le wali de Constantine, il faut débourser 20 DA par personne pour y accéder. Depuis quand l'accès aux marchés de la solidarité est payant ? D'autre part, nous avons appris de source fiable que le m² a été loué à 10 000 DA par une entreprise privée spécialisée dans l'organisation des Salons et des expositions. Notre source ajoute que cette société a bénéficié du terrain, sans qu'elle ait un registre du commerce ou autre pour justifier toutes ces activités aux autorités locales. Les recettes des droits d'entrée ne sont pas, non plus, taxées. Qui profite réellement de ce marché ? Pourquoi a-t-on changé d'activité quelques jours après son ouverture ? Le wali est-il au courant de ce «détournement» ? Malheureusement, ce marché est loin de répondre à la satisfaction des chefs de famille rencontrés sur place. Quelques-uns étaient très méfiants, en témoignant : «Les produits alimentaires doivent être protégés à l'intérieur du grand chapiteau. Nous n'achèterons pas des œufs ou de la viande exposée au soleil.» Pour avoir plus d'explications sur cette foire, nous avons contacté Mohamed El Aïd Bouhanguel, secrétaire de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Ce dernier nous a expliqué que le problème est dû à la disponibilité du terrain. «Nous avons donc décidé d'installer des chapiteaux, dont le coût du loyer est à 270 millions de centimes pour 21 jours. Pour qu'elle puisse récupérer son argent, l'entreprise chargée de l'organisation a loué des stands pour certains vendeurs d'articles vestimentaires, des meubles et autres.», a-t-il justifié. Une chose est sûre, il n'est point de rahma dans ce bazar de plus et de trop. Le consommateur est de nouveau le dindon de la farce.