Dans le jeu d'équilibriste que le nouveau chef de l'Etat français doit jouer au Maghreb, ce déplacement apparaît ainsi normal même s'il rompt avec François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac qui avaient préféré réserver leur première visite à Alger. En tant que candidat, Emmanuel Macron s'était rendu en novembre dernier à Tunis et en février à Alger. Son statut n'est plus le même mais le calendrier a son importance», ajoute Le Monde. Et de préciser qu'«en même temps que l'Elysée annonçait le déplacement à Rabat, le président français s'entretenait avec son homologue algérien, avec l'engagement officiel d'une visite ‘‘dans les toutes prochaines semaines''. Il avait souligné son ‘‘attachement et sa volonté de construire un rapport d'amitié et de confiance avec l'Algérie, partenaire stratégique pour la France''». «Entre la discussion privilégiée avec Mohammed VI et le f'tour – la rupture du jeûne du Ramadhan – dans l'intimité de la famille royale, Emmanuel Macron a consacré 13 petites minutes à une conférence de presse, sa seule prise de parole publique de son séjour marocain. Il s'est dit touché par la nature très personnelle de la discussion qui s'est nouée avec le roi. Les deux chefs d'Etat ont abordé la question de la Libye, de la crise du Golfe, de la politique africaine du Maroc et de la lutte contre le changement climatique, selon le président français. Sur le plan sécuritaire, il a salué la vigilance de Rabat sur les foyers potentiels de déstabilisation de la région», rapporte, quant à lui, l'envoyé spécial de Libération. Le journaliste de Libération écrit ensuite : «Interrogé sur la révolte du Rif, Emmanuel Macron a osé quelques mots, très bienveillants avec son hôte.‘‘Nous avons évoqué ce sujet dès le début, je l'ai abordé de manière très directe et naturelle''», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «J'ai senti que le roi considère qu'il est normal qu'il y ait des manifestations, (…) que son souhait est d'apaiser la situation en apportant de la considération à ces régions et des réponses très concrètes en termes de politiques publiques.» «La discussion que nous avons eue, a-t-il poursuivi, ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression». Dans la soirée, plusieurs centaines de manifestants sont pourtant à nouveau sortis dans les rues d'Al Hoceïma : il s demandent la libération de leurs camarades emprisonnés. «Un déplacement pour faire connaissance. Presqu'un voyage de courtoisie», écrit pour sa part l'envoyé spécial du Figaro. «Le président de la République répondait à l'invitation de Mohammed VI avec qui il s'était entretenu au téléphone après son élection en mai, mais qu'il n'avait pas encore rencontré. Alors qu'il s'était rendu en Algérie et en Tunisie durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron n'avait pas programmé de voyage au Maroc. Il fallait rééquilibrer. Surtout ne pas donner l'impression de privilégier un pays plus que l'autre…» «Le chef de l'Etat a pourtant pris soin de ménager les susceptibilités en dépêchant la veille son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans la capitale algérienne. Dès l'annonce de ce déplacement, l'Elysée avait également fait savoir qu'Emmanuel Macron s'était entretenu au téléphone avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika pour convenir d'un déplacement rapide en Algérie.» Dans un article de décryptage de cette visite, Le Monde rappelle que «dans son message à Emmanuel Macron, Mohammed VI avait évoqué le souhait que, sous sa présidence, le partenariat franco-marocain gagne en profondeur et en intensité». Le moment est favorable. Et citant Pierre Vermeren, professeur d'histoire du Maghreb à Paris-I : «Le pouvoir algérien est aux abonnés absents en raison de la maladie de son Président et ce pays ne peut jouer le rôle qu'il voudrait, alors que le roi du Maroc, malgré ses difficultés, se montre un acteur visible et engagé dans la région.» Et le quotidien du soir de conclure que «cela ne simplifie pas l'action de la diplomatie française, qui tient à ménager ses deux grands partenaires». A noter que le président français n'était accompagné ni de ministres ni d'hommes d'affaires mais juste de son épouse. A son programme, il n'y avait pas de rencontre avec la société civile alors que le royaume est en proie à des troubles qui secouent la province du Rif depuis plusieurs semaines. La lutte antiterroriste, la crise actuelle dans le Golfe, la Libye, l'Afrique ou encore le Sahel ont été abordés par le président Emmanuel Macron et le monarque marocain. La question du Sahara occidental n'était pas à l'ordre du jour des discussions. Une source parisienne autorisée citée par le quotidien régional Ouest France précise toutefois que «la position française s'inscrit dans la continuité, en soutien à la médiation internationale sous l'égide des Nations unies, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité». «Le plan marocain fait partie des options sur la table. Comme membre permanent du Conseil de sécurité, nous l'examinerons avec nos partenaires, mais de ce point de vue-là il n'y a pas de changement dans la position française», ajoute-t-on.