Alicia Gamez, un des trois otages espagnols détenus par les terroristes au nord du Mali, a été libérée hier et embarquée à bord d'un avion à destination de l'Espagne. « Elle est saine, sauve (…), contente, reconnaissante mais préoccupée par ses compagnons » encore en détention, a déclaré, à la presse internationale, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega. La responsable a affirmé que l'otage libérée lui a déclaré que les deux autres captifs, Roque Pascual et Albert Vilalta, « allaient bien et qu'ils étaient en bonne santé, logiquement nerveux et avec une forte envie d'être libérés rapidement également ». Pour Mme Vega, « aucune rançon n'a été versée pour cette libération », expliquant que « cette libération a été le fruit du travail des services diplomatiques et d'intelligence espagnols et de la collaboration d'autres pays de la région ». Membres d'une ONG humanitaire, Barcelona Accio Solidaria, les trois Espagnols avaient été enlevés le 29 novembre dernier, en Mauritanie, puis transférés au nord du Mali, où ils ont été « revendus » aux terroristes, lesquels ont réclamé une forte rançon pour leur libération. Considérée par les terroristes comme « un exploit », la libération par le Mali, de quatre de leurs acolytes en contrepartie de l'otage français, Pierre Camatte (enlevé à Mennaka, au Mali), a fait monter les enchères. Le 5 mars dernier, ils ont réclamé, eux aussi, la libération de plusieurs de leurs complices détenus en Mauritanie, parmi lesquels un certain Omar Ould Sid Ahmed Hamma, dit « Omar El Sahraoui », soupçonné d'être l'un des commanditaires de l'enlèvement des Espagnols. Il avait été arrêté par des milices, puis remis aux autorités mauritaniennes, qui avaient lancé un mandat d'arrêt à son encontre et que le Mali n'a pas –ou pas voulu– exécuté. Dans ce cas précis, les terroristes savent très bien que contrairement au Mali, la Mauritanie reste catégoriquement opposée à toute négociation avec eux et encore moins à toute libération de leurs acolytes. Certaines sources laissent croire que la libération de l'otage espagnole, hier, s'est faite plutôt pour de l'argent, en attendant celle ses deux compatriotes, de l'Italien et de son épouse burkinabé, en captivité dans les refuges des chefs rivaux du GSPC de la région du Sahel, Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid, implantés au nord du Mali. La plus récente de ces attaques a ciblé une garnison militaire nigérienne, non loin de la frontière avec le Mali, faisant plusieurs morts et blessés. En créant des canaux de communication, pour ne pas dire de dialogue, avec une organisation terroriste, le Mali a violé toutes les conventions de lutte contre le terrorisme qu'il a signées. Une position à l'origine du manque de confiance nourri à son égard par ses voisins. L'Algérie qui avait protesté contre la libération par le Mali de quatre terroristes, dont deux concernés par des demandes d'extradition, en rappelant son ambassadeur à Bamako, est aujourd'hui sommée d'aller jusqu'au bout de la logique du régime malien, « en présageant » une rencontre entre les responsables chargés de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Des sources crédibles affirment que « tout est fin prêt pour la tenue de cette conférence, prévue à Alger, et qui devrait réunir des représentants de haut niveau de l'Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali ». Pour nos sources, il est question de mettre au pied du mur ce voisin qui, par ses actes, a fini par faire le vide autour de lui, et tourne le dos à des menaces qui pèsent non seulement sur lui mais également sur l'ensemble de la sous-région.