Rebiga s'entretient avec plusieurs ministres et responsables d'organisations internationales    Le salon Djazagro s'ouvre lundi à Alger avec la participation de 650 exposants    Saihi examine avec le DG de l'OMS les moyens de renforcer la coopération sanitaire    L'Armée sahraouie cible des positions des forces d'occupation marocaines dans le secteur d'El Guelta    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'alourdit à 50669 martyrs    Agressions sionistes: tous les Etats appelés à agir "individuellement et collectivement"    La présidente de l'ONSC reçoit des représentants de plusieurs associations nationales et locales    Les élus locaux pointés du doigt    La réforme du système financier algérien lié à la rente des hydrocarbures a besoin de profondes réformes structurelles    Le «macronisme» ou la fin inéluctable des régimes anachroniques et du mythe néocolonial français    L'ONU exige des explications    Un drone armé abattu    Les Usmistes ont toutes les chances de jouer la demi-finale    Les leaders des deux grLes leaders des deux groupes face à leur destinoupes face à leur destin    Entre une attitude légale et son maniement aléatoire !    Une situation catastrophique !    Reddition d'un terroriste et arrestation de 5 éléments de soutien aux groupes terroristes    Ce que fait l'Algérie pour les personnes à besoins spécifiques…    « Toutânkhamon, l'exposition immersive »    150e Assemblée de l'UIP: le groupe géopolitique africain examine la possibilité de proposer une clause d'urgence sur l'actualité africaine    Décès du Commandant du Secteur militaire de Timimoune: le président de la République présente ses condoléances    L'engagement de l'Etat algérien à répondre aux exigences dans le secteur de la santé souligné    Sommet mondial sur le handicap : Saïhi s'entretient avec la ministre libyenne des Affaires sociales    Statut et régime indemnitaire des corps de l'Education: reprise des réunions ministère-syndicat    Keltoum, la doyenne de l'interprétation féminine au théâtre et au cinéma algériens    Le troisième Salon des "Games & Comic Con Dzaïr" s'ouvre à Alger    Foot/ Amical : Suède-Algérie le 10 juin à Solna (FAF)    Mme Hamlaoui passe en revue avec le SG de l'ONEC les moyens de renforcer les initiatives entre acteurs de la société civile    Classement Fifa: l'Algérie 36e mondial, gagne une place    L'Algérie dépose un dossier d'inscription de "l'art de l'ornementation avec des bijoux en argent émaillé de l'habit féminin de la Kabylie" auprès de l'UNESCO    Pour les Algériens, rendez-vous mardi prochain en Afrique du Sud    «Le couscous, racines et couleurs d'Algérie»    Le recteur de la Mosquée de Paris agit-il en tant qu'émissaire à Alger pour libérer l'agent Sansal ?    Tennis/Tournoi M15 Monastir: l'Algérien Samir Hamza Reguig qualifié au 2e tour    La bataille de Djebel Béchar, un acte d'une grande portée historique    «La Présidente de la Tanzanie se félicite des relations excellentes unissant les deux pays»        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'exil intérieur des montagnards déracinés
Avec les damnés du terrorisme, dans les ghettos de tissemsilt
Publié dans El Watan le 13 - 03 - 2010

Sur les hauteurs de Tissemssilt s'étend un immense bidonville implanté sur un flanc d'un quartier pauvre dénommé Ederb, Sidi El Houari, de son nom officiel.
Ici, nous sommes dans un no man's land où la vie urbaine, avec ses réseaux d'assainissement, ses poteaux électriques, ses canalisations d'eau potable, ses routes carrossables et ses paraboles semblent s'être brusquement volatilisés pour céder la place à la précarité la plus totale. Les moindres commodités font défaut. Le seul droit dont jouissent les habitants d'Ederb, c'est l'école. Pourtant, quelque 3000 âmes y vivent, selon le P/APC, Abdelkader Bouras. Un chiffre à revoir à la hausse, à en croire les habitants : « La majorité de la population de ces bidonvilles a fui le terrorisme. Ses occupants sont issus des 22 communes de la wilaya et des wilayas limitrophes », affirme le maire. M. Bouras lève les bras au ciel quant à la prise en charge de ce ghetto. « C'est un problème qui relève de la résorption de l'habitat précaire, et le cas de ce bidonville nous dépasse », nous signifie-t-il.
Ahmed et Omar, deux jeunes dans les 18-19 ans, tuent le temps comme ils peuvent pendant que d'autres gamins se livrent à une partie de foot à proximité d'un cimetière. Ahmed et Omar ont tous deux quitté l'école depuis belle lurette. « Pour gagner un peu d'argent et aider notre famille, on trime comme ‘‘zoufria'' (manœuvres en bâtiment) pour 400 DA la journée. Nous n'avons aucun avenir ici », se plaignent-ils. Des galopins traînent des brouettes pleines de jerricans qu'ils vont remplir dans une fontaine publique, à plusieurs centaines de mettre plus loin, pendant que d'autres s'échinent à transporter poussivement une bouteille de gaz.
Car, il n'y a évidemment pas de gaz de ville à Sidi El Houari. Mohamed Ferri, 62 ans, est un vieux montagnard qui est établi à Ederb depuis 1995. Originaire de l'un des villages du Ouarsenis surplombant la commune de Boucaïd, dans la daïra de Lazharia, près de Chlef, ce paysan pur jus a quitté sa montagne natale avec armes et bagages pour fuir le terrorisme. En dépit de quinze longues années passées à Tissemssilt, il se sent totalement étranger. Déraciné. Un exil intérieur d'autant plus pénible que la vie de ghetto à laquelle il se voit réduit tranche cruellement avec sa vie d'antan, dans l'immensité de la montagne. Mohamed Ferri partage ainsi la solitude de centaines de paysans du Ouarsenis qui vivent aujourd'hui encore, dans leur chair, les séquelles du terrorisme.
Dans un précédent reportage (« Chronique de la misère ordinaire à l'ombre d'El Ouarsenis » in El Watan du 14 février 2010), nous avions évoqué les difficultés des habitants de certains douars isolés, comme le douar Leqouassem où les villageois reviennent timidement après un exode massif dans les années 1990. Ici, c'est un autre aspect de cette tragédie qui est mise en relief : celle de ces milliers de villageois « urbanisés » qui peinent à réinventer leur vie agraire d'autrefois. Tout en nous faisant visiter sa bicoque dérisoire où il végète avec sa femme et ses huit enfants, El Hadj Ferri raconte : « Avant, nous étions heureux dans la montagne. Nous avions une grande maison, de l'espace à volonté. »
Et de nous dresser un tableau idyllique, teinté de nostalgie, de son ancienne vie où la nature inondait les siens de ses prodigalités : « On cultivait ce qu'on mangeait, on avait des moutons, des chèvres, des vaches pour le lait, du cheptel pour la viande, des poules pour les œufs, on avait du beurre, des fruits, des oliviers, du miel, des jardins potagers, et personne ne venait nous chercher des noises. Nous étions comblés. C'était le paradis ». « Vous savez, El Ouarsenis a été l'une des régions qui ont le plus porté la Révolution durant la lutte anticoloniale. C'était le bastion de la Wilaya IV. Mon village a donné plus de 1000 chouhada. Mon père n'était pas un djoundi de l'ALN, mais il a beaucoup aidé les moudjahidine, il les a nourris, logés… On a souffert le martyre durant la guerre de libération. »
Dans la foulée, ce parallèle qui fuse : « Du temps du colonialisme, nous étions parqués dans des camps de concentration cernés de barbelés et traités comme des bestiaux. Et le terrorisme est revenu nous humilier. Après sept ans de guerre contre la France, ‘‘el irhab'' nous a relégués au point zéro. » Le vieux paria poursuit son témoignage : « J'ai pris les armes et j'ai intégré un groupe d'autodéfense pour défendre notre honneur. Mais la vie devenait infernale. C'est ainsi que j'ai été contraint de vendre ma maison et acheter cette baraque pour 5 millions de centimes. Et aujourd'hui, je survis avec une allocation chômage de 3000 DA. Aucun de mes enfants ne travaille. Malheureusement, on ne peut plus repartir là-haut. La peur nous hante encore et nous avons tout perdu. »
Ce qui peine le plus ammi Mohamed, c'est le sentiment qui le taraude d'être un banni, un éternel « barrani » (étranger). « Nous sommes livrés à notre sort. L'APC ne nous reconnaît pas. Nous n'avons même pas droit au couffin du Ramadhan. Même pour voter, je dois me déplacer à la commune de Boucaïd. Rana sabrine ou gaâdine (on prend notre mal en patience). »


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.