A l'instar d'autres entités politiques et ONG des droits de l'homme, qui ont déjà condamné ces peines injustifiées et demandé leur annulation, des parlementaires espagnols de différents partis politiques — Compromis, EH Bildu, La Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et Podemos — ont appelé, dans un communiqué, à l'annulation du procès contre les militants sahraouis du camp de la dignité (Gdeim Izik) et leur «libération immédiate», en rappelant que toutes les missions d'observateurs internationaux qui ont assisté depuis le début à ce procès ont relevé de nombreuses irrégularités et l'absence de garanties procédurales. A ce titre, ils ont déclaré : «Nous demandons l'annulation des peines prononcées par la cour marocaine car elle n'a pas la compétence territoriale pour juger des actes qui se sont déroulés dans un territoire reconnu par les Nations unies comme non autonome et en attente de décolonisation.» La plateforme de Tenerife de soutien au peuple sahraoui a également appelé à la libération des prisonniers de Gdeim Izik, en soulignant que «les lourdes peines prononcées à l'encontre de ces militants des droits de l'homme sont une tentative d'intimidation des Sahraouis vivant sur le territoire occupé par le Maroc». Comme elle a déploré «le silence honteux et lâche du gouvernement de l'Espagne et d'autres institutions», estimant que l'Espagne doit achever le processus de décolonisation et qu'elle est toujours responsable de la sécurité de la population sahraouie. Les lourdes peines infligées aux prisonniers de Gdeim Izik «sont un exemple de la haine que le régime marocain manifeste contre la lutte pacifique des Sahraouis», a indiqué, pour sa part, la Coordination espagnole de solidarité avec le peuple sahraoui, réaffirmant que ce procès «est politique, fondé exclusivement sur des aveux extorqués sous la torture et les mauvais traitements» comme l'a souligné, en novembre dernier, le Comité des Nations unies contre la torture. La veille, la Coordination de la communauté sahraouie établie en France a dénoncé la condamnation par un tribunal marocain des prisonniers politiques sahraouis et appelé à un rassemblement à Paris mardi prochain. Réunis à Paris, les membres de la coordination ont estimé que par cette condamnation «injuste», les autorités marocaines «se sont vengées» contre les militants sahraouis pour leur participation active au camp de Gdeim Izik à travers lequel les Sahraouis ont exprimé leur attachement à leur droit à l'autodétermination.
Un «procès politique» Auparavant, plusieurs membres du Parlement européen ont exprimé le rejet catégorique des peines injustes prononcées par le tribunal de l'occupation marocaine à l'encontre des détenus du groupe de Gdeim Izik, allant de 20 ans de prison ferme à la perpétuité. Les eurodéputés ayant suivi cette affaire de près, depuis l'organisation du procès par le tribunal militaire marocain jusqu'à la prononciation des peines mercredi, passant par les nombreux reports du procès durant plus de six ans, ont affirmé que ce procès «est purement politique» et que «les détenus sont des prisonniers d'opinion». Les familles des détenus sahraouis du groupe Gdeim Izik ont fait part de leur vive condamnation des peines prononcées à l'encontre des leurs, en l'absence des conditions du procès orchestré par les autorités d'occupation marocaines, en affirmant que ces peines injustifiées ne font que traduire «le triste sort que réserve l'Etat du Maroc aux droits et libertés du peuple sahraoui». «Ces peines révèlent clairement l'ampleur de l'agitation et de l'hystérie qui se sont emparées de l'Etat marocain au vu de son isolement sur la scène internationale et de l'action sérieuse des organisations et instances des droits de l'homme qui a mis à nu les atrocités infligées au peuple sahraoui», ont-elles indiqué dans leur communiqué. Ces peines sévères allant jusqu'à la perpétuité «sont la résultante de la nature du système judiciaire marocain, téléguidé et vidé de sa substance, ce qui a poussé nos enfants emprisonnés et la défense à boycotter le procès», affirment-elles. Le communiqué qualifie les peines prononcées d'«infondées» et appelle les instances et organisations internationales à intervenir pour faire pression sur le Maroc en vue de leur libération. Au terme d'un procès qui a duré 7 mois, de reports en reports, ladite cour d'appel de Rabat a condamné mercredi à l'aube 20 des 24 prisonniers politiques sahraouis aux mêmes peines de prison que celles prononcées en 2013 par le tribunal militaire de 25 ans à la prison à perpétuité. Les autorités d'occupation marocaines ont prononcé des peines allant de deux ans de prison ferme à la perpétuité à l'encontre des détenus sahraouis au mépris du droit international et du droit des détenus à la défense, de surcroît victimes de torture, suscitant de vives condamnations internationales. Pour le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Ibrahim Ghali, les peines prononcées à l'encontre des prisonniers de Gdeim Izik n'entameront pas la volonté des Sahraouis à poursuivre leur lutte légitime pour la liberté et l'autodétermination. Les prisonniers politiques sahraouis sont les principaux leaders du camp de la liberté de Gdeim Izik, un camp érigé entre octobre et novembre 2010 en faveur de l'autodétermination du Sahara occidental occupé, que les autorités marocaines ont démantelé dans la répression et le sang.