Dans la wilaya de Tizi Ouzou, seulement 30% des agriculteurs sont assurés auprès de la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA), souligne son directeur, Madjid Hamdad. L'épisode des incendies ayant ravagé des hectares de céréales, d'arbres fruitiers, ainsi que des dizaines de ruches, et décimé plusieurs têtes de bétail a semé un sentiment de désolation chez les familles, d'une part, et confirme, d'autre part, le peu d'intérêt porté par les agriculteurs au volet assurance. Les chiffres de la CRMA sont alarmants : sur plus de 60 000 agriculteurs recensés à travers la wilaya, 70% ne sont pas assurés. Madjid Hamdad déplore le peu d'engouement à assurer le bien agricole. «Il y a une absence d'une culture d'assurance malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation que nous menons sur le terrain», dira-t-il. Le même responsable rappelle que seuls neuf agriculteurs, dont six céréaliculteurs, ayant perdu 24 ha de champs de blé suite aux incendies, sont concernés par les indemnisations de la CRMA. Six d'entre eux ont déjà reçu leurs chèques il y a quelques jours, explique-t-il. Ils sont pourtant des dizaines à avoir subi d'importants dégâts, assure-t-on auprès de la direction de l'agriculture de Tizi Ouzou, où le travail de recensement des agriculteurs concernés, ainsi que celui des pertes, est toujours en cours. Les mêmes services estiment actuellement à plus de 38 ha la superficie céréalière dévorée par les flammes dans les régions de Draâ El Mizan, Fréha, Timizart, Boghni et Ouaguenoun. A cela viennent s'ajouter les surfaces d'arbres fruitiers et autres dégâts engendrés par les incendies. L'assurance relative à la filière céréale, où activent plus de 400 agriculteurs dans la wilaya, ne gère que 140 dossiers d'assurés, selon le directeur de la caisse. «Sur plus de 400 agriculteurs activant dans cette filière, 140 seulement sont assurés chez la CRMA, soit moins de 35%. Et, sur une superficie globale de 6000 hectares ensemencés, 2000 hectares seulement sont assurés», affirme-t-il. La filière apicole n'est pas mieux lotie. Seules 22 exploitations sont assurées, alors que la wilaya compte près de 4 700 apiculteurs. «La filière de l'élevage bovin est de loin celle qui se manifeste à la CRMA, avec 350 assurances octroyées par notre caisse. Il faut en outre noter que la réduction de 50% offerte aux nouveaux assurés, ainsi que les échéanciers accordés au paiement des taux d'assurance contractée, ne semblent pas séduire les agriculteurs», révèle encore M. Hamdad. Du côté des agriculteurs, le discours est tout autre. «Nous avons passé toute la journée à surveiller nos champs quand notre région était affectée par les incendies. D'ailleurs, nous resterons vigilants jusqu'à la récolte», dira un céréalier de Tizi Rached, qui affirme ne pas avoir souscrit une assurance pour sa récolte de blé de près de 4 hectares. Il est pourtant conscient des risques encourus et de la possibilité de tout perdre en cas de sinistre. Il déplore «la cherté des services proposés et qui sont calculés sur le rendement pas toujours satisfaisant. En tout cas, j'avoue que je n'ai aucune confiance d'être indemnisé en cas de sinistre, car cela dépend du constat qui sera établi par le spécialiste qu'on nous envoie». Un autre agriculteur de Timizart, au nord-est de la wilaya, activant dans l'élevage bovin évoque «les contraintes administratives et la bureaucratie. L'indemnisation tarde à être perçue par l'assuré». Du côté de la CRMA, on compte se rapprocher davantage des agriculteurs par la multiplication des campagnes de sensibilisation, à travers, notamment, les 14 bureaux de la caisse.