Une rencontre autour de la date historique du 19 mars 1962, "Jour de la victoire" et ses enseignements, a été animée, jeudi à Alger, par l'auteur et chercheur en histoire, Amar Belkhodja, dans le cadre des célébrations du 63e anniversaire du Cessez le feu. S'exprimant à la librairie "Chaïb-Dzaïr", dans le cadre du programme de l'Entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité (ANEP) des rencontres historiques et littéraires durant le mois sacré du Ramadhan, Amar Belkhodja a d'abord préféré parler de "causerie" plutôt que d'"une communication formelle", un choix "pédagogique", qui offre au public, a-t-il expliqué, "la possibilité d'intervenir librement dans le temps même de cette rencontre". "Mon intervention à l'occasion de cette journée mémorable qui a amorcé une nouvelle ère dans la vie du peuple algérien, déterminé à rester libre après avoir consenti d'immenses sacrifices, portera sur trois thèmes principaux, que j'aborderai de manière synthétique afin de favoriser les échanges avec les invités", a précisé le chercheur en histoire. Tout d'abord, l'auteur est revenu sur le jour du 19 mars, soulignant les étapes cruciales qui ont conduit à cette date historique, avant de mettre l'accent sur la "mauvaise foi des autorités françaises, qui ont longtemps "usé du double langage et de la diversion, refusant ainsi, de privilégier la solution politique à la guerre". Rappelant les obstacles rencontrés lors des négociations, le conférencier a mis en valeur la "diplomatie de guerre déployée par les Algériens", qui, grâce à leurs compétences, "les stratégies coloniales, malveillantes et malsaines de De Gaulle et Guy Mollet furent déjouées", réussissant ainsi, à isoler la France sur la scène internationale, pour la contraindre, ensuite, à entamer des pourparlers". Le deuxième thème abordé par M. Belkhodja, a concerné la torture, érigée en "système" et utilisée comme "méthode de répression barbare et abjecte contre le peuple algérien". La torture était alors devenue une "pratique massive et systématique", infligée à tout suspect, avec une cruauté sans pareille, pratiquée avec des moyens ignobles", a-t-il encore rappelé, avant de faire remarquer que ce dossier, qui n'a pas été suffisamment exploré par les historiens algériens, a été mise à nu par des historiens étrangers, qui ont rallié la cause algérienne, dont beaucoup de français notamment". L'auteur a appuyé son propos en citant quelques intellectuels, amis de l'Algérie, honnêtes et intègres dont, Jules Roy, Xavier Yacono, Michel Renard, Jean Louis Tranche et Gilles Manceron, ou encore, l'auteure Martine Le Coz, qui ont dénoncé la torture et la maltraitance des Algériens dans des ouvrages qu'ils ont publiés pour témoigner de cette violation inacceptable des droits humains. L'historien a ensuite, abordé la troisième partie de son intervention, en rendant hommage aux avocats, algériens et étrangers qui ont défendu les militants algériens, alors, arrêtés et emprisonnés par l'armée coloniale française. Parmi ces avocats, André Berthon, Yves Dechézelles, Pierre Stibbe et son épouse Renée Stibbe, Pierre Braun (avocat du Comité Maurice Audin), Henri Douzon (qui défendra notamment l'auteur de "La question", Henri Alleg), Joe Nordmann, Nicole Dreyfus ou encore, Jacques Vergès qui s'est engagé dans tous les combats des Algériens et qui a défendu les militants du FLN en Algérie et en France. "Certains avocats algériens, dira M. Belkhodja, ont même été emprisonnés, à l'exemple de Maamar Bentoumi, incarcéré de 1957 à 1959, une répression qui aura atteint dans l'impunité totale, les droits de la défense, pourtant garantis par le droit international". "Il est essentiel de saluer le courage de tous ces avocats", dira M. Belkhodja, certains d'entre eux seront assassinés, dont Ameziane Ait Ahcene, Mokrane Ould Aoudia, Alphonse Auguste Thuveny, Pierre Popie, Pierre Garrigues et M'hamed Abed, probablement éliminés par "la Main Rouge, l'OS ou les services spéciaux français, notamment". A la veille de la Journée nationale de l'avocat, célébrée le 23 mars de chaque année, M. Belkhodja a conclu en évoquant le cas d'Ali Boumendjel, jeté du sixième étage le 23 mars 1957 par les parachutistes du général Massu, lors de la Bataille d'Alger. Ancien journaliste, historien, chercheur et auteur prolifique, Amar Belkhodja compte à son actif plus d'une trentaine d'ouvrages, dont son opuscule intitulé "Dalal Maghrabi et les autres" dédié à la Palestinienne d'origine algérienne, Dalal Maghrabi, tombée en martyre en 1978 sous les mains ensanglantées de l'occupant terroriste sioniste.