119 laiteries, dont 15 publiques dépendant du groupe Giplait, activent sur le territoire national. Malgré tous les efforts consentis par les autorités, le problème de la pénurie du lait en sachet persiste. Les subventions, à coups de milliards, n'arrivent pas à résoudre ce problème. Responsabilité partagée entre différents secteurs, dont celui du Commerce et celui de l'Agriculture, les distributeurs sont souvent sur le banc des accusés. Périodiques, les pénuries du lait en sachet ne sont plus un fait nouveau et impactent le quotidien des Algériens. Ces derniers, devant vaquer à leurs occupations, peinent à trouver un point de vente. L'histoire n'est pas finie à ce stade, puisqu'ils passent des heures dans des queues interminables avant de se procurer le quota de lait décidé par le vendeur. Ceci est vécu par les habitants de Aïn Benian, une commune de la banlieue ouest de la capitale. «Alors qu'ils étaient nombreux, aujourd'hui il ne reste que deux magasins d'alimentation générale qui vendent le lait en sachet sur le grand boulevard du centre-ville de Aïn Benian», rapporte Abdelghani, fonctionnaire et père de deux enfants. Il considère cette tâche d'acheter le lait comme une corvée quotidienne. D'après un vendeur, qui a abandonné la filière lait depuis quelques mois déjà, le distributeur lui imposait ses conditions pour prendre son quota de lait en sachet. Imputant ces conditions au Complexe laitier d'Alger (Colaital), ce distributeur l'obligeait à prendre un sachet de lait de vache (35 DA) pour quatre sachets de lait subventionné (20 DA). Cette différence de prix est un facteur essentiel dans cette obligation d'achat vu l'importance de la marge bénéficiaire. Elle est également la raison de l'abstinence d'achat des citoyens pour cette catégorie de lait en sachet cédé généralement en 40 et 50 DA. En l'absence de possibilité de retour des invendus et travaillant à perte, l'activité de vente de lait se fait rare à Aïn Benian et dans bien d'autres communes de la capitale, voire du pays. Voulant connaître l'origine de ces conditions et de ce mode de vente concomitante, nous avons tenté de joindre la direction de la laiterie Colaital, en vain. Ce qui n'a pas été le cas au ministère du Commerce. Ahmed Mokrani, sous-directeur du suivi de l'approvisionnement du marché au ministère du Commerce, réfute la présence d'une quelconque pénurie de lait dans le pays. Pour lui, il s'agit de «cas isolés» dus à des perturbations de la distribution. Sur la vente concomitante pratiquée dans certaines régions du pays, il considère que c'est un «diktat» imposé par les distributeurs, qui n'a rien à voir avec les laiteries. «Je ne peux nier la présence de ce type d'agissements de la part des distributeurs. Nous avons reçu des échos et lorsque ces pratiques sont vérifiées, des sanctions sont appliquées. La vente concomitante est prohibée par la législation. Et le détaillant est libre de prendre les quantités de lait qu'il estime vendre selon les besoins de la localité où il est situé», explique ce responsable, qui insiste sur l'abondance de ce produit de large consommation et de sa matière première qu'est la poudre de lait. Signalons que 119 laiteries, dont 15 publiques, dépendant du groupe Giplait, activent sur le territoire national. Pour mémoire, ce n'est pas la première fois que le travail des distributeurs est remis en cause. En février dernier, le ministre de l'Agriculture avait pointé du doigt ces intervenants, les qualifiant de «tricheurs» et les accusant comme responsables des pénuries de lait.