La composition du lait a depuis longtemps préoccupé l'opinion publique, selon un commerçant installé à la place du 1er-Mai. La vraie question est celle de la distribution et du non- respect de la chaîne de froid, car le lait parvient chez les commerçants déjà avarié. Durant l'été, a-t-on appris auprès de nombreux commerçants, le non-respect de la chaîne de froid influe inévitablement sur la disponibilité mais également la conservation du lait en magasin. Pour le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, ne pas respecter ces normes peut s'avérer très dangereux pour le consommateur. Pour Omar, un épicier de la place du 1er-Mai, le manque de transporteurs avec camions frigorifiques adéquats pour la distribution de lait dans de bonnes conditions ajoute au problème de la conservation. Surtout qu'en cette période de l'année, les températures avoisinent parfois les 40°C. « Il faut se pencher sérieusement ce problème », estime le commerçant, ajoutant que des distributeurs de lait en sachet laissent souvent la marchandise sur les trottoirs le matin avant l'ouverture des épiceries. « Ce lait exposé au soleil est un poison qu'on vend aux citoyens. Les laitiers devraient s'en soucier mais aussi ces distributeurs qui ne sont préoccupés que par la livraison de leurs produits dans les plus brefs délais. » D'un autre côté, le consommateur algérien continue à boire du lait non conforme aux normes requises, selon Mustapha Zebdi. Le produit mis sur le marché, dira-t-il, ne répond plus aux standards internationaux en matière de qualité et de dosage. « Si le contenant n'a pas subi de modification particulière, le contenu, en revanche, a perdu de sa saveur et de sa valeur nutritive habituelle », dira-t-il, ajoutant que plusieurs requêtes ont été déposées par des consommateurs pour revoir la recette de fabrication du lait en sachet. C'est le cas d'une trentaine de laiteries recensées qui ne respectent pas les normes internationales de santé en matière de production de lait. Ces producteurs, dira notre interlocuteur, sont dans le viseur des services de contrôle et autres inspections publiques d'hygiène qui surveillent leurs activités. Jusque-là, aucune anomalie n'a été enregistrée. « La dose de poudre nécessaire est estimée à 110 g/litre de lait, alors que les quantités employées sont souvent inférieures à ce seuil. Ces opérateurs font usage également d'une poudre dont la quantité de protéines, indispensable dans la fabrication de lait, a été réduite de moitié, soit de 34 g à 17 g », dira le président de l'Apoce. Une analyse a été effectuée l'année dernière par un laboratoire public sur du lait de production nationale suite à une requête formulée par des consommateurs et à laquelle le Complexe laitier d'Alger (Colaital) a répondu dans les délais pour constater que la production de lait est conforme aux normes. « Recourir aux laboratoires privés devra nous permettre d'avoir plus de moyens pour débusquer ces laiteries », a indiqué Zebdi. Le défenseur des consommateurs appelle, par ailleurs, les autorités à rouvrir les points de vente publics, estimant que ceci éliminera définitivement les problèmes liés au lait en sachet. Selon notre interlocuteur, l'ouverture des points de vente publics permettra de créer une certaine concurrence et assurera la disponibilité du produit.