Avec ce nouveau livre, l'écrivain algérien nous remettra en mémoire Albert Marquet (1875-1947), un des plus marquants parmi les artistes- peintres de la période coloniale. Le Musée d'art moderne à Paris avait consacré en 2016 une importante monographie regroupant plus d'une centaine d'œuvres -peintures et dessins, certaines montrées pour la première fois en France. Résidant en Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale, on lui doit des œuvres admirables, dont un tableau représentant le port d'Alger que nous avions pu voir en 2016 au Musée Granet à Aix-en-Provence, dans une exposition de la collection d'un des ses amis, Charles Camoin. Selon l'éditeur, Rachid Boudjedra livre dans ce roman l'histoire d'une dépossession : «La destruction de l'atelier d'Albert Marquet métaphorise celle d'un pays mutilé par la colonisation, mais qui se cherche, par la langue, par la poésie des mots et des sens.» L'intrigue est située dans l'Algérie des années 1950, «encore meurtrie par les purges antisémites perpétrées par le régime de Vichy. La guerre d'indépendance plonge le pays dans le sang et la violence. Témoin direct de ce naufrage, le narrateur revient sur son enfance à Constantine. Souvenirs terribles où les troupes françaises paradent et tuent, où l'ombre de son père, patriarche implacable, ne le quitte jamais. Miné par une obésité maladive, écumant les rues de la ville avec son copain Kamel, et cherchant l'amour auprès d'une fille de colon, c'est dans le cabinet d'expert-comptable de son oncle que le jeune Rachid trouve le salut. Deux tableaux y sont accrochés. L'un a été peint par Albert Marquet, ami de Matisse, qui aime l'Algérie pour sa lumière, sa culture et son peuple. Deux tableaux envoûtants, sublimes, qui, chacun à sa manière, contiennent la mémoire du Maghreb ».