Ils sont 15 000 handicapés à travers la wilaya d'Aïn Témouchent. Une centaine d'entre eux et leurs familles ont fait la fête à la maison de la culture, une vraie fête par eux, pour eux et les leurs. L'on n'a pas eu besoin de faire appel à des amuseurs. Sur scène, les petits sourds-muets, des fillettes en mariées, robes immaculées, et les garçonnets de noir vêtus, hauts de forme en main, jouent aux nouveaux époux, dansant sous la conduite de leur animatrice qui, de la salle, maintient leur cohésion. La gaucherie enfantine émeut bien plus que le spectacle, un spectacle réussi au demeurant. D'autres fillettes entrent en scène, grimées en angelots. Suivent encore d'autres danses, celles-là du terroir, dans des costumes chatoyants. Les trisomiques se font applaudir. La salle n'est plus en reste, elle participe à la joie. Même, ceux et celles qui, dans les coulisses, géraient le spectacle, se lâchèrent. Le nouveau directeur de l'action sociale, installé il y a à peine dix jours, après que le poste ait été vacant plus d'une année, avait raison de dire, au nom des handicapés, qu'ils n'avaient besoin ni de pitié, ni de « rahma », mais de considération.