La pression financière sur le journal Le Matin s'accentue. Parallèlement aux services des impôts, la Société d'impression d'Alger (Simpral) menace de cesser de tirer le journal à partir du samedi 24 juillet si la publication ne paie pas d'ici là trois mois de factures en retard, à savoir février, mars et avril, dont le montant s'élève à 38 millions de dinars. La mise en demeure a été adressée à l'administrateur du Matin, lundi 19 juillet. Le même jour, le ministre de la Communication, Boudjemâa Haïchour, avait reçu une délégation composée des éditeurs et de l'avocat du journal, à laquelle il avait proposé de payer 15 millions de dinars en guise de « bonne volonté » et de procéder ensuite, avec son arbitrage, à l'élaboration d'un échéancier de paiement acceptable par les deux parties. Selon ces responsables, Le Matin est prêt à payer la moitié de la somme réclamée, en étalant le reliquat sur un calendrier de paiement. Estimant la somme « dérisoire » par rapport à ce que paie mensuellement le journal comme coûts d'impression, Youcef Rezoug, rédacteur en chef, s'est demandé pourquoi il n'y a que Le Matin qui a reçu une telle mise en demeure, sachant que beaucoup de journaux ont accumulé des retards. Il s'est interrogé également pourquoi l'imprimeur a poursuivi ces derniers en justice au lieu de les obliger à s'acquitter de leurs dettes plus élevées que celles du Matin. N'est-ce pas là une forme de répit accordé à ces titres, sachant que les affaires en justice traînent souvent ? Le syndicat de Simpral ainsi que son premier responsable avaient reconnu la semaine dernière que l'imprimerie était en difficulté et seulement trois journaux à fort tirage, de « bons payeurs », assurent sa survie : Le Matin, Le Quotidien d'Oran et Compétition. Depuis août 2003, date de suspension de certains journaux, pour des soi-disant impayés d'impression, Le Matin a versé 24 milliards de centimes autant au prestataire de services qu'au fisc. Il a réglé à l'époque à l'imprimerie ses arriérés estimés à 13 milliards de dinars. Plus tard, le 15 octobre, il a été confronté à un conflit, en tant que Sarl, avec les services du fisc. Le redressement fiscal, auquel il a été assujetti, s'élevait à 92 millions de dinars. Le journal, contestant les chiffres avancés, a dû s'acquitter de la moitié de la somme dans l'espoir de bénéficier d'une « faveur » pour l'établissement d'un « calendrier de paiement » du restant de la somme. En vain. L'administration fiscale, en rajoutant des pénalités de retard de l'ordre de 16 millions de dinars, a étouffé le journal, en le soumettant à des mesures coercitives comme le blocage des comptes bancaires. Les pressions fiscales perdurent depuis. Cela intervient au moment où, depuis le 14 juin 2004, le directeur de la publication, Mohamed Benchicou, pour une affaire « de bons de caisse », est mis sous les verrous. Des semaines après, l'immeuble de quatre étages du journal, sis à Hussein Dey, à Alger, a été vendu aux enchères pour la modique somme de 21 millions de dinars. N'empêche, le fisc réclame toujours 30 millions de dinars. La Sarl Le Matin, qui a payé de grandes sommes en un temps réduit, est actuellement « fragilisée » financièrement. Cela sous-entend qu'elle ne peut pas régler les montants réclamés « en chœur » dans l'immédiat. Mais comme la direction affiche sa bonne volonté de « payer », la Simpral n'aura aucun intérêt à suspendre cette édition, d'autant plus qu'elle représente pour elle un grand marché. Trouver un arrangement semble être une « voie » à même de satisfaire les deux parties. Mazzi Baghdadou, directeur technique à la Simpral, nous a précisé hier qu'il n'avait reçu aucune note faisant état de la suspension du Matin, comme indiqué dans la correspondance à compter de samedi.