En dépit de la bonne volonté de la direction du Matin de payer la moitié du montant réclamé, à savoir 19 sur les 38 millions de dinars, la Société d'impression d'Alger (Simpral) s'arc-boute sur sa décision de suspendre le journal à partir d'aujourd'hui au cas où la direction ne paierait pas la totalité du montant. Même si, donc, Le Matin règle une partie de ces impayés, la publication ne paraîtra pas demain 25 juillet. La Simpral se montre vraisemblablement intransigeante sur cette question, ignorant ainsi l'offre du journal comme gage de « bonne volonté » de s'acquitter d'une partie de ses dus. S'engageant à régler le tout selon un échéancier qui sera établi par les deux parties, le journal s'attendait à une « réponse positive ». Réitérant son attachement à rester un « bon payeur », il n'en a eu que des illusions. La proposition du Matin, rappelle-t-on, est de régler dans l'immédiat la moitié des arriérés, en étalant le restant du montant sur un calendrier de paiement qui arrangera les deux parties. Cela va dans le même sens que la suggestion du ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, faite à une délégation de responsables du journal et à son avocat qu'il a reçus dans son département lundi 19 juillet 2004, le même jour de l'envoi de la mise en demeure. M. Haïchour avait, ce jour-là, manifesté sa bonne volonté d'y trouver un « arrangement » à condition que Le Matin verse une somme de 15 millions de dinars. Ce dernier a applaudi à cette proposition. En vain. Depuis, rien n'a été concrétisé. Le ministre s'est contenté de dire sans passer à l'action. L'argument de la direction du journal justifiant ce « petit retard » est que « la Sarl Le Matin, fragilisée financièrement depuis qu'elle a versé des sommes colossales au cours des dix derniers mois estimées à plus de 24 milliards de centimes autant au fisc qu'au prestataire de services, n'est pas en mesure de s'acquitter de la totalité du montant ». Le refus de la Simpral d'accorder un échéancier de paiement peut être interprété comme une volonté « voilée » des pouvoirs publics de liquider cette publication qui s'est engagée à bras-le-corps dans le combat pour la démocratie et la justice. Cette imminente suspension permettra à la corporation de tester le degré de sincérité du ministre de la Communication, lors de ses multiples sorties médiatiques, durant lesquelles il a affiché sa volonté d'établir des rapports « sains » entre le pouvoir et la presse.