Malgré ses potentialités économiques et industrielles, la ville accuse un retard important en matière d'infrastructures universitaires. L'université de Skikda rêverait-elle de grandeur ? Serait-elle déjà passée à une étape supérieure, ou n'est-ce là qu'une volonté politicienne centralisée ? Pourquoi tarde-t-elle encore, après des années de gestation, à rayonner et à se confondre dans le paysage social, sportif et culturel de la ville ? Quelle sera donc sa vocation essentielle, et comment se dessine déjà l'esquisse de ce campus skikdi dans un futur très proche, lequel devra impérativement se hisser au rang de l'universalité, loin des métastases insipides d'un régionalisme de bas étage qui l'a longtemps miné ? Pour répondre à ces questions et à d'autres encore, Mr Kouadria, recteur de l'université du 20 Août 55, a courtoisement accepté de nous accorder cet entretien. De prime à bord, il reconnaît les lenteurs prises par l'université du 20 Août 55 à s'immiscer dans le vécu local : « D'abord, il y a lieu de rappeler l'absence d'un relais de l'université dans l'espace urbain de la ville ; il y a aussi l'éloignement du campus, mais force est de reconnaître que nous travaillons à être plus présents. Nous avons, à titre d'exemple, organisé une soirée de jazz au palais de la culture et nous réfléchissons sérieusement à d'autres actions devant nous permettre de dresser des ponts entre Skikda et son université. » De nouvelles filières à Bouzaâroura Voilà qui est dit, reste maintenant à connaître les visées futures de l'université de Skikda, qui, faut-il le reconnaître, est relativement jeune par rapport aux grandes universités nationales. Pour répondre à cette question, le recteur a d'abord tenu à placer le campus dans son contexte socio-économique, estimant que les projections de développement doivent naturellement accompagner les réalités et le potentiel local. Il explique : « Compte tenu de la présence d'un grand pôle hydrocarbures à Skikda, nous avons retenu l'implantation d'un pôle de technologie orienté vers la pétrochimie pour assurer des formations en industrie pétrochimique. Ce pôle sera officiellement implanté à Bouzaâroura (à moins de 15 km à l'est de Skikda). L'inscription en étude est déjà acquise, le wali nous a accordé l'espace nécessaire et le ministère nous a déjà donné l'accord pour la réalisation de 12 000 places pédagogiques, 6 000 lits, 25 laboratoires ainsi que l'ensemble des commodités nécessaires. » Pour la faisabilité du ce projet, le recteur estime que l'université de Skikda dispose des capacités en matière d'enseignants, et de tous les génies en mesure d'intervenir concernant l'industrie, comme le génie mécanique, civil, électrique et électrotechnique. Ce nouveau pôle semble être projeté par rapport au potentiel industriel de Skikda qui reste également un pôle agricole et touristique. Pourquoi donc ne privilégie-t-on pas d'autres filières en relation avec ce potentiel ? A cette question, le recteur répondra ainsi : « Nous sommes conscients de cette donne. Notre université avait lancé des filières en économie du tourisme, la restauration du vieux bâti, l'horticulture et l'économie portuaire, malheureusement, l'absence d'engouement chez les étudiants n'était pas pour nous encourager à les ouvrir. A titre d'exemple, dans la filière horticulture on n'a inscrit aucun étudiant. Là, je crois qu'on doit faire d'autres efforts dans le domaine de la sensibilisation. » La prochaine rentrée se prépare déjà Avec ce pôle, l'université de Skikda aura à vivre une « trilogie » de formation composée de l'actuel campus, du nouveau pôle et aussi d'une Enset. A ce sujet, le recteur dira : « Skikda a besoin de se développer, et on aura une Enset qui sera implantée à Merj Eddib, une école, dont le décret présidentiel a déjà été publié il y a trois ans. Pour son ouverture, il nous reste à attendre que le ministère décide enfin de la formule qu'il voudrait accorder à ce genre d'établissement. Au Ministère on est en train de réfléchir car il y a une nouvelle tournure, et décider s'il optera pour une Enset orienté vers la formation professionnelle ou une école normale supérieure pour former toutes les disciplines. » Toujours concernant l'infrastructure, le recteur reviendra sur l'opération de réhabilitation des cinq anciens blocs : « Une grande opération de réhabilitation de l'ancienne ferme a également été menée à terme et nous avons réussi à en tirer pas moins de 1 300 places pédagogique pour une somme de 6 0 MDA (millions), alors que pour les construire on devait débourser 240 MDA. En plus de ce gain, nous avons surtout préservé l'aspect architectural des lieux qui font partie de la mémoire collective de la région. » Côté pédagogique, l'université de Skikda aura à bénéficier de 24 masters lors de la prochaine rentrée. « Je pense qu'on n'aura pas trop d'effectifs l'année prochaine et le volet d'accueil sera plus souple ; à la prochaine rentrée universitaire, on aura en principe 4 000 lits ; 1000 sont déjà presque achevés et on nous rassure que le reste sera prêt ; ce volet allégera beaucoup les conditions d'hébergement qui ne sont pas convenables à l'heure actuelle vu qu'on a 4 étudiants par chambre ; à cela, on aura éventuellement à réceptionner 2 000 places pédagogiques si la cadence des travaux promise par les entrepreneurs venait à être effective », conclut le recteur.