L'avocat, maître Miloud Brahimi, avait rappelé opportunément au forum d'El Moudjahid la difficulté qu'il y a à faire aboutir le combat mené par certaines forces sociales et politiques en Algérie pour criminaliser la colonisation française en Algérie. Le fait que l'Algérie ne soit pas membre de la CPI (Cour pénale internationale) et ne soit pas signataire du traité de Rome qui permet à un Etat membre de poursuivre d'autres Etats, des groupes ou des individus pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité rend, de l'avis du juriste, tout bonnement caduque et vaine toute tentative de condamnation des crimes commis en Algérie par l'armée française. Ce postulat de base rappelé, il est à se demander alors à quoi rime toute cette gesticulation politique ou politicienne qui a gagné le Parlement lequel s'apprête à faire voter un texte législatif en la matière alors que l'Algérie n'est pas outillée au plan législatif pour soutenir et défendre une telle revendication. Le code pénal algérien ne prend pas en charge les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. D'où la nécessité d'adapter nos textes juridiques aux lois, traités et règlements internationaux. On ne peut pas ni moralement ni politiquement exiger de la France de faire repentance pour les crimes commis en Algérie durant la colonisation si on n'affiche pas chez nous la même volonté politique et détermination pour mettre en place ce socle juridique sans lequel tout ce qui s'entreprendra dans cette perspective ne sera que combat d'arrière-garde. L'Algérie franchira-t-elle ce pas en adhérant à la CPI et en mettant en conformité son dispositif législatif et ses textes fondamentaux avec la législation internationale ? Beaucoup ne s'expliquent pas pourquoi l'Algérie se montre rétive pour siéger au niveau de cette cour dont la vocation est de juger les criminels de guerre et les crimes contre l'Humanité. De quoi a-t-on peur ? L'absence de légitimité de cette cour instrumentalisée par les grandes puissances qui servent une justice internationale à la carte, jugeant certains et se taisant sur les crimes commis par d'autres y compris par des Etats comme c'est le cas d'Israël, ne devrait pas constituer un argument pour justifier la politique de la chaise vide pratiquée par l'Algérie au niveau de cette institution et d'autres. L'expérience du droit international tel qu'il est pratiqué a montré qu'il est plus facile de juger des politiques de gouvernement et des responsables impliqués dans des crimes de guerre et crimes contre l'Humanité de fraîche date, que de convoquer à la barre l'histoire coloniale dans la mesure où les Etats coloniaux d'hier sont ceux-là mêmes qui font et disent le droit international. Mais cela ne devrait pas dissuader les anciens pays colonisés de mener avec autant de détermination la bataille de la mémoire qui se révèle être aussi dure et implacable que la bataille pour le recouvrement de l'indépendance nationale.