Le prix Nobel de la paix a récompensé hier la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) pour ses efforts contre ces armes de destruction massive. «Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu'il ne l'a été depuis longtemps», a déclaré la présidente du Comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. «Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord», a-t-elle indiqué. Coalition mondiale d'ONG, l'ICAN a poussé à l'adoption d'un traité historique d'interdiction de l'arme atomique, signé par 122 pays en juillet dernier, mais d'une portée essentiellement symbolique en l'absence des 9 puissances nucléaires. L'ICAN a eu le mérite d'«attirer l'attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques induites par tout recours aux armes nucléaires et pour ses efforts déterminants en vue d'obtenir un traité d'interdiction de ces armes», a expliqué Berit Reiss-Andersen. La présidente du Comité norvégien a par ailleurs appelé les puissances nucléaires à entamer des «négociations sérieuses» en vue d'éliminer leur arsenal. «Le Comité (Nobel) tient à souligner que les prochaines étapes vers la réalisation d'un monde sans armes nucléaires doivent impliquer les Etats dotés de l'arme nucléaire. Cette année, le prix de la Paix est donc également un appel lancé à ces Etats pour qu'ils engagent des négociations sérieuses en vue de la disparition progressive, équilibrée et soigneusement contrôlée de près de 15 000 armes nucléaires dans le monde», a-t-elle dit. Cinq des Etats qui possèdent actuellement des armes nucléaires — les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine — se sont déjà engagés à atteindre cet objectif en adhérant au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1970, a souligné Berit Reiss-Andersen.
Un bon signe pour l'ONU L'ONU a estimé que l'attribution du Nobel de la paix à la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) est un «bon signe» en vue d'une possible ratification du traité interdisant l'arme nucléaire. «Je pense que c'est bon signe (…) pour que le traité soit signé et surtout ratifié», a déclaré la porte-parole de l'ONU à Genève, Alessandra Vellucci. De son côté, la directrice de l'ICAN a estimé que l'attribution du prix Nobel de la paix est «un grand honneur» et a lancé un appel aux nations pour qu'elles interdisent «maintenant» l'arme atomique. «C'est un moment de grande tension dans le monde, alors que les déclarations enflammées pourraient tous nous conduire très facilement, inexorablement, vers une horreur sans nom. Le spectre d'un conflit nucléaire plane à nouveau largement. S'il y avait un moment pour que les nations déclarent leur opposition sans équivoque aux armes nucléaires, ce moment serait maintenant», a déclaré Beatrice Fihn, dans un communiqué. La directrice de l'ICAN a estimé, par ailleurs, que la présidence de Donald Trump «met en lumière» le risque nucléaire dans le monde. «L'élection du président Donald Trump a mis beaucoup de gens très mal à l'aise, à l'idée qu'il peut, à lui seul, autoriser l'utilisation des armes nucléaires», a déclaré, Mme Fihn, critiquant le fait que le nouvel occupant de la Maison-Blanche avait montré qu'il «n'écoute pas» toujours les experts.