L'Algérie est pour une démarche analogue à celle de la criminalisation de tout versement de rançon, pour interdire également tout échange de terroristes en contrepartie d'otages. » C'est ce qu'a déclaré, mardi soir, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, lors d'une conférence de presse. Il répondait ainsi à une question relative à la libération, par le Mali, de quatre terroristes – réclamés par l'Algérie et la Mauritanie – en contrepartie de celle d'un otage français. Selon le ministre, les participants à la conférence ont « condamné sans équivoque les prises d'otages et les paiements de rançons ». Il a expliqué que la rencontre était basée sur le triptyque « franchise-responsabilité-détermination ». « La franchise dans l'échange des points de vue en mettant sur la table nos forces et nos faiblesses face à la menace ; la responsabilité dans la lutte contre le terrorisme ; la détermination pour aboutir à un consensus total autour des préoccupations. » Il a précisé que la conférence a permis d'évaluer la menace et de passer à l'action sur le terrain, au mois d'avril prochain, à travers la réunion, à Alger, des chefs d'état-major des armées des sept pays, ainsi que celle des responsables de la lutte antiterroriste. « Nous sommes dans une étape nouvelle qui implique l'ensemble des pays dans une stratégie d'action. L'accent a été mis sur la coopération régionale et le développement parce que nous partageons un espace commun avec des spécificités qui exigent des mesures urgentes. » Interrogé sur les déclarations de la France et des USA, à propos d'une éventuelle intervention militaire dans la région, le ministre a déclaré « avoir lu » ces informations dans la presse, « démenties après par les pays concernés ». Il a toutefois rappelé « un élément fondamental qui donne à la région la primauté de sa sécurité ». Pour lui, ce ne sont pas les vulnérabilités de certains pays qui engendrent l'ingérence dans les affaires internes à la région, mais plutôt « l'absence de volonté » de coopérer dans la lutte. « De ce fait, nous sommes déterminés à renforcer la coopération bilatérale et régionale à travers les réunions imminentes des responsables de la lutte contre le terrorisme et des chefs des armées, pour rendre la région moins vulnérable. » Seuls les pays concernés ont été réunis A propos de la réaction du Maroc, regrettant son « exclusion » de la conférence, le ministre a tout simplement demandé à « bien revoir la carte géographique », précisant néanmoins : « Des pays ont demandé à prendre part à la conférence, mais la liste des participants a été arrêtée par les sept concernés. Nous sommes dans une nouvelle dynamique et les responsabilités incombent aux pays de la région. » Au sujet de l'avenir des autres initiatives mises en œuvre dans la région (comme le Pan Sahel des USA), M. Messahel n'a pas fermé les portes. « Nous partageons une vision commune et nos besoins sont axés sur la formation, l'équipement et le renseignement. Si les stratégies des uns et des autres s'inscrivent dans ce cadre, elles sont les bienvenues. » Interrogé sur la question des Touareg au nord du Mali, le ministre a déclaré qu'elle n'a pas été évoquée, précisant toutefois que l'Algérie « a toujours répondu aux sollicitations en ayant pour principe sacré la défense de l'unité territoriale du Mali ». M. Messahel n'a pas voulu répondre à la question relative à l'état des relations algéro-maliennes après le rappel de l'ambassadeur d'Algérie à Bamako. Il a juste dit que « tous ces volets ont été abordés ». Il a par ailleurs insisté sur « l'implication » de la population dans la lutte contre le terrorisme, à travers le volet développement, qui « a pris une bonne partie des discussions ». L'Algérie, a-t-il affirmé, s'est engagée à financer un ensemble de projets dans les domaines des forages, de la santé et de la formation, notamment au nord du Mali, mais aussi au Niger. « De même qu'il a été décidé la réalisation de la route reliant Alger à Lagos, sur 4600 km, dont 4400 sont déjà achevés et les 220 autres, restants, nécessitent 182 millions de dollars, pour lesquels une réunion des bailleurs de fonds aura lieu au Niger prochainement pour trouver un montage financier. Autant d'actions concrètes qui vont permettre à la population de sortir de l'isolement et de la pauvreté », a conclu M. Messahel.