La capitale algérienne abritera au courant du mois d'avril deux réunions importantes : la première regroupera les responsables de la lutte contre le terrorisme des sept pays du Sahel (Algérie, Libye, Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso) et la seconde les chefs d'état major de ces mêmes pays. C'est la décision la plus concrète à laquelle sont parvenus, dans la soirée de mardi, les ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel réunis à l'hôtel Sheraton d'Alger.Il faut dire d'emblée que la chose na pas été. Car, le chemin qui a conduit à la signature du communiqué final de 16 engagements n'a pas été une sinécure. Preuve en est que Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, qui a donné une conférence de presse peu après 20 heures, a insisté, dès le début de son intervention, sur «la franchise» qui a caractérisé les discussions. Franchise est en pareille situation un euphémisme qui signifie «discussions difficiles». Il ne manquait en réalité à Messahel que de confirmer une information qui a circulé toute la journée dans les couloirs de l'hôtel Sheraton : le ministre des Affaires étrangères du Mali a quitté les travaux durant plusieurs heures. Normal, puisque l'essentiel de l'objet de la réunion a été provoqué par la libération par son pays de quatre terroristes en contrepartie de l'élargissement d'un ressortissant français détenu par El Qaïda. «Nous avons condamné sans équivoque le paiement de rançons et la prise d'otages et nous avons rappelé l'obligation de chaque Etat d'appliquer intégralement les résolutions de l'ONU à ce sujet», a donc affirmé Messahel à l'issue des travaux. L'engagement est bien sûr consigné, noir sur blanc, dans le document final. Les sept pays ont également réitéré leur «ferme condamnation du terrorisme» et leur «détermination [...] à éradiquer ce phénomène» pour «redonner à la région sahélo-saharienne sa vocation d'échanges, de paix, de stabilité et de coopération féconde», est-il également écrit dans le texte remis à la presse, venue en nombre couvrir cette rencontre.Condamner le terrorisme et s'engager suffit-il pour passer à l'acte ? Abdelkader Messahel croit toujours à «la bonne foi», seule garantie en effet de respecter les engagements consignés sur papier. Car, précise le document signé par les ministres, cette coopération entre les Etats de la région constitue «le cadre incontournable pour une lutte coordonnée, efficace, totale et sans concessions contre le terrorisme et ses connexions» que sont «le banditisme transfrontalier, le trafic d'armes, de drogue et d'être humains». Sur un autre plan, les responsables des sept pays ont indiqué leur engagement d'élargir la coopération militaire et sécuritaire au domaine économique et social. Pour cela, ils ont pris des engagements de coopérer également dans l'aide aux populations de la région, notamment celles qui résident dans les zones enclavées. «Nous avons un certain nombre de projets», a dit Messahel qui a donné l'exemple des chantiers financés par l'Algérie dans des domaines vitaux tels que l'eau, la santé et la formation dans des pays de la région (Niger, Mali, Mauritanie notamment). Il précisera qu'il est également question de relancer les projets déjà existants, tels que la Transsaharienne et des routes reliant ces pays entre eux. A cela, il faut ajouter les projets relatifs à chaque pays. Seulement, précise le ministre algérien, d'autres pays doivent également se joindre à cet engagement de respecter les résolutions des Nations unies relatives à lutte contre le terrorisme. L'appel d'Alger sera-t-il entendu ? A. B.