Invitée aujourd'hui des Débats d'El Watan à 14h à l'hôtel Safir, elle présente une conférence sur les sciences sociales à l'épreuve de l'islam. Comment abordez-vous l'islam dans vos travaux de recherche ? Mon doctorat a porté sur les débats universitaires publics et politiques sur l'islam, en France et aux Etats-Unis. Je suis actuellement en train de transformer ma thèse en livre qui sera publié en anglais. Je n'exclus pas de le faire en français, mais je trouve intéressant de convaincre un public anglophone. Car les Américains ont tendance à simplifier de manière excessive les débats sur l'islam tels qu'ils ont lieu en France. Il y a cette idée que les musulmans sont victimes de politiques répressives autoritaires. La critique du religieux en France est parfois un peu gênante. Pourriez-vous envisager de faire du Maghreb votre prochain terrain de recherche ? Après avoir étudié la façon dont l'Occident gère la question des minorités religieuses, je vais m'intéresser à la problématique inverse : comment au Maghreb, donc dans un contexte musulman, on gère la question de la diversité religieuse. Vous connaissez bien les Etats-Unis et la France : comment expliquez-vous que l'Algérie contemporaine intéresse davantage les chercheurs américains que français ? Même les Américains sont peu nombreux ! Je crois que l'Algérie souffre, aux Etats-Unis comme en France, de beaucoup de clichés… Peu de sujets sont explorés et cela contribue à les perpétuer. Du côté américain, il y a des modes, des terrains privilégiés par les financements et les partenariats – c'est le cas avec les universités marocaines. En France, le Maghreb est un terrain moins à la mode que le Mashreq et puis les jeunes sont persuadés que l'Algérie est un terrain compliqué, moins confortable que le Maroc.