Si le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit espérer que l'accord nucléaire conclu en 2015 entre des grandes puissances et l'Iran survivra à la décision de Donald Trump, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont décidé carrément de se désolidariser du successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche. En affirmant qu'ils restaient «attachés» à cet accord, ils participent même à l'isolement du président Trump sur la scène internationale. Dans une déclaration conjointe publié vendredi soir sur le site du Foreign Office, la Première ministre britannique, Theresa May, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, se sont dit par ailleurs «préoccupés» par les éventuelles implications de la décision américaine. «Nous sommes attachés au plan d'action global conjoint (JCPoA) et à sa mise en œuvre intégrale par toutes les parties. Préserver l'accord est dans notre intérêt commun pour la sécurité nationale», ont-ils souligné. La déclaration rappelle que l'accord nucléaire constituait le couronnement de 13 ans de diplomatie et a été considéré comme un pas important pour s'assurer que le programme nucléaire iranien ne soit pas détourné vers des objectifs militaires. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé à plusieurs reprises que l'Iran a respecté le JCPoA, à travers son programme de vérification et de suivi à long terme, relève par ailleurs la déclaration. «Nous encourageons donc l'Administration et le Congrès des Etats-Unis à considérer les implications pour la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés avant de prendre des mesures susceptibles de porter atteinte au JCPoA, comme le rétablissement des sanctions contre l'Iran, en vertu de l'accord», note la déclaration. Le prix Nobel de la paix 2017, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), s'est dit aussi choqué par la sortie de Donald Trump. Il estime que sa décision va favoriser la prolifération et l'usage d'armes nucléaires. La décision «incite à la prolifération, rend plus difficile la conclusion d'autres accords pour limiter la menace nucléaire et accroît le risque mondial d'utilisation (d'armement) nucléaire», a indiqué l'ICAN dans un communiqué. La directrice de l'ICAN, Beatrice Fihn, a aussi dénoncé la «tentative de déstabilisation de l'accord iranien par le président Trump» alors que «l'AIEA a certifié à maintes reprises le fait que l'Iran respecte les conditions» de l'accord. C'«est un rappel brutal de l'immense danger nucléaire auquel le monde est confronté actuellement et le besoin urgent de tous les Etats d'interdire et éliminer ces armes», souligne-t-elle. «Avec les menaces croissantes de guerre nucléaire, le président américain déclenche de nouveaux conflits plutôt que de réduire le risque de guerre nucléaire», juge l'ICAN. L'ancien chef de la diplomatie américaine, John Kerry, négociateur du texte de 2015, est également sorti de sa retraite pour critiquer la décision de Donald Trump de ne pas «certifier» l'accord sur le nucléaire iranien, tout en plaidant pour son durcissement par le Congrès. Pour lui, cette décision est «dangereuse» et «ouvre la voie à une crise internationale». «Cela met en danger les intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis et de leurs plus proches alliés», a-t-il prévenu dans un communiqué. Le ministre de l'ancien président démocrate Barack Obama a appelé le Congrès américain à «rejeter le plan de Donald Trump et les manœuvres législatives en cours qui démantèleraient pour de bon l'accord».